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CNRS
Fake news : oui, les adolescents peuvent se défendre
#fakenews #adolescents
Article mis en ligne le 9 septembre 2025
dernière modification le 6 septembre 2025

Des scientifiques ont évalué la capacité des adolescents à repérer les fake news. Et montré qu’il est possible d’apprendre à résister aux automatismes de pensée, même si l’âge entre en ligne de compte.

(...) Problème : aujourd’hui, 60 % de la population mondiale utilise les réseaux sociaux1, s’exposant à un flot continu d’informations de toutes provenances. Pas simple de jauger la véracité de chacune ! La détection des fake news (ou « infox 2 »), ces fausses nouvelles volontairement fabriquées et diffusées pour piéger le public et influencer les opinions, constitue donc un enjeu social, mais aussi politique : manipulation d’élections, influence sur les ­campagnes de vaccination, etc.

Estimer l’exactitude des nouvelles

Or tous les individus ne sont pas armés face aux fake news, notamment les adolescents, dont le développement cérébral ne s’achève qu’entre 20 et 25 ans. (...)

Premier résultat, rassurant : plus les collégiens sont âgés, mieux ils repèrent les fausses informations parmi les 56 soumises, et ce, quel que soit leur genre (le milieu social n’a pas été exploré).

Résister aux biais cognitifs

Ensuite, afin d’identifier les processus cognitifs impliqués, les chercheurs ont complété le premier test par un test de réflexion cognitive. (...)

Les notes au test de réflexion cognitive augmentent avec l’âge des participants, ce qui est cohérent avec le développement de la pensée logique et la littérature scientifique.

La comparaison des résultats des adolescents aux deux tests révèle que ceux qui ont le mieux identifié les fake news (premier test) sont aussi ceux qui ont présenté une meilleure capacité de raisonnement (second test). Le développement du discernement de la vérité est donc lié au développement du raisonnement. (...)

Chez l’adolescent, le développement de la capacité à identifier les fake news est en partie lié au développement de la capacité de raisonnement. (...)

Autre partie de l’étude : présenter aux adolescents la moitié des nouvelles avant le début du test, en leur faisant croire à un autre exercice. Puis ces actualités leur sont à nouveau soumises, mélangées aux autres, lors du test.

« Les informations familières, vues deux fois, sont perçues comme plus vraies que celles nouvellement présentées aux participants », indique Marine Lemaire. Il s’agit de ce que l’on appelle l’« effet de vérité illusoire » (...)

L’étude montre que ni l’âge ni la capacité de raisonnement n’influent sur l’effet de répétition – retrouvé également chez l’adulte. Nous sommes tous piégés de la même façon par les informations familières que nous voyons. (...)

Dernier résultat marquant de l’étude : la distinction entre fake news et informations vraies par les jeunes de 11 ans. « En moyenne, nous n’avons pas trouvé de différence significative du point de vue statistique », relève Marine Lemaire. Autrement dit, à 11 ans, on n’est pas encore capable de différencier une vraie nouvelle d’une infox.

Or, en France, en 2024, 63 % des jeunes de 7 à 10 ans interrogés déclaraient utiliser au moins un réseau social.7 Et si l’âge minimum légal d’inscription sur les réseaux sociaux est de 13 ans avec accord parental et de 15 ans sans, nombre d’adolescents enfreignent la règle. Car, à ce jour, la vérification de l’âge est purement déclarative. La bataille de la vérification de l’âge à l’inscription sur les réseaux se jouera sans doute à l’échelle européenne, où le règlement sur les services numériques impose déjà des contraintes aux grandes plateformes.

Mais il y a une bonne nouvelle, explique Grégoire Borst, directeur du LaPsyDÉ et coauteur de l’article : « Il est possible d’expliquer aux enfants comment fonctionnent les algorithmes avant même qu’ils soient sur un réseau social. »
Manque de ressources

Il faudrait donc élargir l’éducation aux médias et à l’infor­mation (EMI), qui enseigne notamment des principes journalistiques tels que l’évaluation de la fiabilité des sources et leur croisement. (...)

Pour l’instant, cette sensibilisation n’occupe pas de place spécifique dans les programmes. Mais l’étude menée sur le discernement de la vérité chez les adolescents sert la psychologie interventionnelle, en lui fournissant des clés pour développer des ressources pédagogiques.

« Un processus sur lequel nous pouvons agir » (...)

La vraie difficulté est de développer la pensée critique des adolescents, tout en évitant qu’ils se mettent à douter de toutes les informations. (...)

Marine Lemaire le rappelle : il ne faut pas stigmatiser les adolescents, qui détectent de mieux en mieux les fake news en grandissant. D’autant qu’ils ne les repartagent pas forcément – au contraire, par exemple, des personnes âgées. (...)