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IRIN - nouvelles et analyses humanitaires
Le Kurdistan irakien au bord de la rupture
Article mis en ligne le 24 mars 2015

Au Kurdistan irakien, les conséquences économiques et sociales de l’accueil de plus d’un million de déplacés fuyant les djihadistes du groupe qui se fait appeler l’État islamique (EI), en plus des 225 000 réfugiés syriens, sont désastreuses et les risques se multiplient pour les plus vulnérables.

La population de la région semi-autonome a augmenté de 28 pour cent en un an, surchargeant les services d’éducation et de santé. D’après la Banque mondiale, la pauvreté a plus que doublé dans la région. Les nouvelles offensives militaires annoncées contre l’EI font en outre craindre un nouvel afflux de déplacé.

L’ampleur de cette affluence a renforcé la concurrence pour les emplois, faisant baisser les salaires et donc les revenus des foyers à tous les niveaux. D’autre part, les services d’eau, d’électricité et de gestion des déchets sont dépassés par la demande.

Parallèlement, la chute des prix du pétrole a affecté les revenus du gouvernement, tout comme la bataille budgétaire qui l’oppose depuis un certain temps aux autorités fédérales de Bagdad, qui a entraîné une interruption des transferts financiers destinés à Erbil, la capitale du Kurdistan. Les salaires des fonctionnaires n’ont donc pas été versés depuis plusieurs mois. (...)

Des tragédies qui auraient pu être évitées

Au Kurdistan, la majorité des déplacés vivent dans de tristes conditions, sans proches pour les héberger, ni argent pour louer un logement. Malgré les efforts entrepris pour installer les déplacés dans des camps, nombre d’entre eux vivent toujours dans des implantations sauvages ou sur des chantiers.

Les fils à linge tendus entre les piliers de bétons d’hôtels ou de centres commerciaux inachevés sont un rappel poignant de l’ancienne confiance économique du Kurdistan. (...)

Les conditions sont terribles dans beaucoup de ces endroits, mais nous n’avons pas les ressources pour y remédier », a soupiré Peter Joshi, conseiller principal en matière d’intervention d’urgence au Conseil d’Erbil pour les réfugiés (Erbil Refugee Council, ERC), un service ministériel également chargé des PDIP.

« Si nous avions les moyens économiques, nous ne laisserions personne vivre ici : c’est un lieu invivable », a-t-il dit avant d’ajouter que les problèmes financiers du gouvernement ont entraîné une baisse des services à tous les niveaux. « Nous avons coupé dans les dépenses de sécurité et les effectifs des pompiers dans tous les camps de PDIP et de réfugiés du gouvernorat d’Erbil, au point que [la situation] devient dangereuse. »

« Dans certains camps, 50 personnes partagent une seule latrine, c’est inacceptable », a dit M. Mustafa.

La réduction des services de ramassage des ordures et de fourniture en eau a déjà un impact sur les camps, dont un certain nombre a signalé une épidémie de gale ces dernières semaines. Le froid et la neige ont déjà beaucoup pesé sur les familles, mais à l’approche des chaleurs de l’été, de nouvelles menaces de maladies liées à l’eau surgissent.

Effondrement économique

Alors que la pression sur les communautés d’accueil monte pour le partage des ressources de plus en plus maigres, la crainte de tensions et de troubles sociaux augmente. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé au Liban et en Jordanie, qui accueillent des centaines de milliers de réfugiés syriens.

« Le Gouvernement régional du Kurdistan (GRK) est confronté à une crise multidimensionnelle et complexe combinant des risques sécuritaires, politiques, économiques et sociaux concomitants et se renforçant mutuellement », peut-on lire dans un nouveau rapport de la Banque mondiale évaluant les impacts de l’afflux des réfugiés syriens et des PDIP irakiens au Kurdistan. (...)

Les Nations Unies peinent à réunir les fonds nécessaires pour répondre à la crise en Irak. Outre un don exceptionnel de 500 millions de dollars de la part de l’Arabie saoudite en juillet dernier, elles n’ont reçu que de petits montants des autres bailleurs de fonds. En février, elles ont annoncé qu’en l’absence de dons supplémentaires ce mois-ci, jusqu’à 60 pour cent de ses programmes pourraient être réduits ou écourtés. (...)