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par les étudiants de l’IJBA
La rétention des sans-papiers… illégale ?
Article mis en ligne le 4 décembre 2012

Mériadeck, commissariat central de Bordeaux. Plus de mille fonctionnaires de police travaillent derrière ces blocs de béton blanc. Le bâtiment est imposant. Orwellien peut-être. On passe sans trop le regarder, comme s’il allait nous avaler. Sous sa masse se trouve le centre de rétention de Bordeaux. Caché en sous-sol, peu de gens connaissent son existence.

Portrait d’une rétention dite « administrative ».

Le centre de rétention avait brûlé en janvier 2009. Des retenus avaient allumé un feu pour tenter d’échapper à leur expulsion, et surtout, pour tenter de sortir de ce sous-sol. Refait à neuf, le CRA a rouvert ses portes en juin 2011 dans les mêmes locaux, après un débat épineux sur le lieu de reconstruction : Mérignac, plus près de l’aéroport, ou Mériadeck, plus près des juges. Deuxième choix préféré : il n’y a pas à Bordeaux, comme il peut y en avoir ailleurs, de salle d’audience judiciaire délocalisée à l’intérieur du CRA.

Il est loin d’être le plus grand de France, loin d’être une « usine », comme on entend qualifier parfois les grands centres de rétention de centaines de places. Mais il se distingue par ses conditions de détention. Au CRA (centre de rétention administrative) de Mériadeck, on ne voit pas le soleil. (...)

À Bordeaux, la configuration des locaux génère des conditions d’enfermement particulièrement anxiogènes, « qui portent atteinte au respect de la dignité humaine », selon la Cimade.

Le manque de lumière naturelle est pesant, et le CRA est éclairé par des néons qui parfois restent allumés la nuit. Il est sensible à la température extérieure et aux conditions météorologiques : des chaleurs souvent insupportables l’été quand le système de climatisation tombe en panne, et il fait froid l’hiver, les radiateurs fonctionnent mal. Quand il pleut, des fuites d’eau inondent des parties du centre. L’intimité des personnes est parfois mise à mal, quand des policiers entrent dans les chambres la nuit, ou dans les sanitaires quand ils sont utilisés. Et surtout le bruit. Un bruit de ventilation continu, les télés allumées en permanence qui résonnent dans le centre, tout comme les portes qui s’ouvrent, qui se ferment, qui claquent.

Au centre de rétention de Mériadeck, « les personnes enfermées développent rapidement des troubles psychiques dus aux conditions de leur enfermement » (...)

Le JLD doit statuer sur le maintien en rétention des personnes, sur la légalité de leur interpellation et de leurs auditions. Cinq jours pendant lesquels « il n’y a aucun contrôle des juges, dénoncent Laura Petersell et Oliviers Bres de la Cimade. On assiste à une suprématie absolue de l’administratif. » Ce qui est particulièrement vrai à Bordeaux, où 80% des personnes expulsées n’ont pas vu de juge judiciaire. (...)