
Le MRAP avait, le 10 décembre 2007, condamné l’accueil réservé par Nicolas Sarkozy au Président Khadhafi comme « une véritable provocation envers tous ceux pour qui…[les] droits [de l’homme] sont inaliénables ». Dès le début des manifestations de 2011 contre le régime de M. Khadhafi, il avait exprimé sa solidarité avec le peuple libyen et son indignation face à la « répression barbare contre une foule désarmée qui ne fait que réclamer son droit à la dignité. »
Le 3 mars 2011, le Mrap avait condamné toute intervention étrangère, estimant que même sous le couvert de l’ONU, elle « n’apporterait pas la démocratie mais le chaos, que c’est au peuple libyen et à lui seul qu’il appartient de décider librement de son avenir. ». (...)
Le 30 mars, dans un appel unitaire, le MRAP avait renouvelé son inquiétude face à l’escalade militaire et réclamé « l’arrêt des bombardements et le retrait de l’OTAN, l’engagement d’initiatives politiques pour l’établissement d’un cessez-le-feu multilatéral. »
La suite devait hélas lui donner raison. L’intervention de l’OTAN est sortie du cadre d’une stricte protection des populations civiles et s’est mise, comme en Irak et en Afghanistan, au service des intérêts politico-économiques des puissances essentiellement occidentales. La mission de protection n’a pas été remplie puisque les gouvernements concernés sont restés muets devant les exactions commises à l’encontre des populations noires de Libye - (...)
Comme le déclare Francis Perrin, vice Président d’Amnesty International, « pour une construire une nouvelle Lybie, il faut que les nouvelles autorités montrent qu’elles sont prêtes à rompre avec les pratiques d’un régime qui a commis de nombreuses violations des droits de l’Homme ». Or, hélas, les derniers événements ne peuvent que confirmer notre inquiétude. Les crimes commis par Kadhafi ne sauraient en aucun cas justifier son probable lynchage, encore moins les exécutions sommaires de soldats. L’exécution d’un prisonnier de guerre – fût-il Muammar Khadafi - est, au regard du droit international, un crime de guerre, dénoncé par des organisations internationales de défense des droits de l’homme.
A peine annoncée la « libération » du pays, le président du Conseil National de Transition - Moustapha Abdeljalil - a donné un aperçu de ce qu’il entendait par « liberté » en annonçant à Bengazi qu’ « En tant que pays islamique nous avons adopté la charia comme loi essentielle et toute loi qui violerait la charia est légalement nulle et non avenue », citant clairement en exemple la loi sur le divorce et le mariage, même si le régime déchu avait réglementé et non interdit la polygamie.
Une telle annonce comporte de graves menaces pour les droits des femmes en particulier. (...)
Le peuple libyen, déchiré par une guerre meurtrière, après 40 ans d’une dictature sanglante, a droit à la démocratie, au respect de ses droits fondamentaux, et à l’expression du suffrage universel - sans pression et avec un véritable débat - ainsi qu’à l’échange d’idées et de propositions d’alternatives. Il a également droit à la souveraineté . C’est pourquoi le MRAP appelle à un désengagement immédiat et total de toutes les forces de l’OTAN.