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Amnesty International
Irak : Des grenades militaires lancées sur les manifestants
Article mis en ligne le 20 novembre 2019

La police antiémeute et les forces de sécurité à Bagdad utilisent des grenades militaires visant à tuer plutôt qu’à disperser les manifestants.

Les enquêtes de notre expert militaire et de notre service de vérification numérique démontrent qu’en Irak, les forces de sécurité ont utilisé des grenades de type militaire contre les manifestants, les visant à bout portant.

Ces grenades qui seraient produites en Serbie et en Iran sont jusqu’à 10 fois plus lourdes que les grenades lacrymogènes classiques. Les conséquences sont dévastatrices : plusieurs manifestants ont eu le crâne transpercé, causant de terribles blessures ou la mort, une fois la grenade encastrée dans leur crâne.
Des témoignages terrifiants

Des témoins, dont des manifestants et des secouristes bénévoles, nous ont affirmé que la police a utilisé ces grenades lacrymogènes près de la place Tahrir à Bagdad entre le 25 et le 29 octobre. Selon des témoins, l’utilisation de lance-grenades à partir du 25 octobre environ, a causé une nette augmentation du nombre de morts et de blessés.

« Depuis le 25 octobre, la [police] anti-émeutes ne cesse de lancer des gaz lacrymogènes et des " fumigènes " sur la foule, en réponse ou non à des provocations. Les tirs sont continus et aléatoires… Ils ne s’en servent pas pour disperser, mais pour tuer. Ils ne se soucient pas du fait qu’il y a des familles et des enfants dans la foule. »

un manifestant à Bagdad

D’après des secouristes bénévoles, les grenades ont été tirées directement sur des zones où se trouvaient de nombreux manifestants pacifiques, causant évanouissements et suffocations, y compris chez des enfants. L’un d’entre eux a déclaré : « Ils les tirent directement sur la foule. Pas en l’air. Directement sur les gens. C’est sauvage. » (...)

Des méthodes meurtrières inédites

Un médecin légiste a confirmé qu’ils n’avaient « jamais vu de blessures aussi graves dues à des grenades lacrymogènes auparavant ». Il a noté que « la gravité des blessures et les angles d’entrée » suggèrent fortement qu’elles ont été tirées directement sur les victimes et n’ont pas ricoché sur le sol.

Un médecin d’un hôpital proche de la place Tahrir, qui accueille la majorité des victimes souffrant de traumatisme crânien, a signalé que l’hôpital recevait « six à sept blessés à la tête chaque jour depuis vendredi [25 octobre] » dont « Cinq ont des projectiles métalliques ou des grenades logés dans le crâne. »

Les forces de sécurité n’ont toujours pas eu à rendre des comptes sur les mutilations et homicides illégaux commis, au fil du mois d’octobre, en toute impunité. Aucune enquête indépendante et impartiale sur l’usage de ces grenades n’a été ouverte pour l’instant.