
Bientôt le retour des incontournables marronniers des magazines dits branchés pour l’été prochain avec leur cortège de sujets niais sur l’amour avec un grand A…
Mais avant de trouver l’amour, il faut d’abord retrouver la ligne !
Comme les hirondelles au printemps, c’est ainsi que reviendront les rondelles de cucurbitacées, les régimes amincissants qui vous feront perdre rondeurs disgracieuses ou bourrelets encombrants.
Pour l’Union Européenne il en est de même.
Trente jours. Pas un de plus, pour perdre cette mauvaise Grèce en disgrâce qui perturbe l’équilibre économique de la zone euro. Trente jours. Pas un de plus, pour prendre toutes les mesures nécessaires pour faire fondre l’énorme déficit public qui n’a cessé de grossir mois après mois, sans que personne ne songe à vous faire remarquer l’embonpoint pris tout ces derniers temps. L’Union Européenne dans un simulacre de coordination, a décidé d’un "soutien psychologique" à la Grèce ? En gros, elle doit geler les salaires des fonctionnaires, reculer l’âge du départ en retraite, faire des coupes sombres dans les dépenses de santé etc. Bref, poursuivre (mais si possible plus sévèrement encore) l’application du plan de rigueur drastique qui permet aux banques et aux entreprises de pouvoir continuer à distribuer des dividendes toujours plus juteux aux actionnaires.
Comment en est on arrivé là ?
En tout premier lieu on peut constater que les marchés financiers ont gardé intact leur formidable pouvoir de nuisance, malgré une soi-disante "moralisation" enfin instaurée dans les finances mondiales…
Ensuite, l’édition dominicale du New York Times nous révèle que " Wall Street a aidé à masquer les dettes qui secouent l’Europe ", et qu’en particulier, la Goldman Sachs, une des plus prestigieuses banques américaines d’investissement, a joué un double rôle choquant d’abord comme conseil pour le gouvernement grec dans des opérations de "comptabilité créative " destinées à camoufler une partie de sa dette, ensuite en prenant des positions hostiles contre la Grèce et l’euro. Surendettée et embourbée dans ses déficits, elle n’arrive plus à faire face, ni à lever des capitaux sur les marchés pour se financer. À moins de payer un prix exorbitant qu’elle ne peut se permettre...
Les États ont guéri le système financier et, maintenant, ce sont eux qui sont malades.
Les marchés financiers doutent qu’ils puissent rembourser leurs dettes aussi facilement et obligent les États à des efforts budgétaires extrêmes qui à leur tour, hypothèquent la fragile reprise de l’économie.
La belle construction européenne est aujourd’hui lézardée : la zone euro se retrouve exactement dans la situation que les traités souhaitaient éviter.
En réalité, c’est tout le système de surveillance institué par le traité de Maastricht puis par le Pacte de stabilité qui a fait défaut *. La Commission européenne, gardienne des traités, n’a disposé ni des moyens politiques ni de la volonté de faire régner l’ordre économique et budgétaire, et l’euro a joué son rôle de cache-misère.
Dans ces conditions, annoncer comme le gouvernement l’a fait récemment, qu’en 2013 le déficit public sera réduit à 3% alors qu’il est actuellement à 8,2% est aussi fallacieux que de chercher à dissimuler son endettement.
Lionel de Cahors
Semaine 07-10
* Incohérences que bien des économistes avaient soulignées lors de l’introduction de l’euro, et qui éclatent
maintenant au grand jour.