
Dans l’interview qu’on peut lire ci-dessous, accordée au Monde par Jérôme Fourquet, “directeur du département opinion de l’IFOP”, on découvre un modèle de ces raisonnements par l’absurde qui s’imposent aux gouvernants depuis tant d’années et qui, toujours, tendent à la droitisation extrême de leurs politiques. Sous couvert de la scientificité de l’étude d’opinion, ce sont les points de vue les plus réactionnaires qui sont systématiquement suggérés par les « directeurs d’opinions » des instituts, tel l’IFOP.
(...) ce n’est pas non plus par hasard que le candidat socialiste aura pris la précaution de s’engager formellement à changer de politique, et ce très explicitement sur la question tsigane, vis-à-vis des organisations qui s’en préoccupent, comme Romeurope ou la LDH, mais y compris face à l’ensemble du public, lorsque dans le grand débat qui l’opposa au président sortant, il eut tous les mots les plus convaincants pour signifier qu’il changerait de politique, et qu’en particulier il mettrait un terme à la brutalité systématique de Sarkozy auquel on devait « trop de blessures, trop de coupures ».
Mais le spécialiste de l’IFOP affirme avec aplomb : « Il y a surtout un décalage entre les milieux les plus militants et ce que pensent les Français de manière générale. » Il y aurait, selon lui, « un très large assentiment du public, y compris à gauche, au démantèlement des campements roms ». Il reconnait que la situation n’était pas différente à l’été 2010. Par contre, à l’époque, les choses auraient changé “quand la polémique a pris de l’ampleur”, hypothèse que notre expert exclu aujourd’hui, sans qu’on comprenne pourquoi.
Le spécialiste de l’IFOP est certain par avance que “la virulence des attaques”] ne sera pas la même qu’en 2010. Il présume que cela tient au fait que la “communication” du gouvernement est “différente”. On ne voit pas vraiment en quoi. Selon lui, il n’y aurait pas d’images à la télé… Le sujet a pourtant été abondamment traité aussi bien à la radio qu’à la télé ou même dans la presse écrite – et il n’y a que Le Monde et Libération pour l’aborder, comme ici, avec la plus grande prudence – encore ont-ils été obligés de l’évoquer à répétition ces derniers jours, y compris en une (quand ça permettait de masquer l’actualité syrienne).
De même, notre expert affirme que le gouvernement aurait “médité les erreurs de ses prédécesseurs”. On voit mal en quoi. (...)