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Amnesty International
Irak : « Nous avons tout laissé derrière nous pour échapper à la mort. »
Article mis en ligne le 6 août 2014

Alors que l’État islamique assoit son emprise sur Mossoul, les habitants qui ne partagent pas son fondamentalisme extrême sont soumis à des traitements cruels – pour lesquels ceux qui ont contribué à la guerre en Irak portent une responsabilité historique.

Marvin est un comptable de 27 ans. Sa vie et celle de sa famille ont été bouleversées la semaine dernière, lorsque des membres de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) sont arrivés chez lui à Mossoul, dans le nord de l’Irak.

(Lire aussi : Irak : les attaques sectaires se multiplient)

Les militants de l’EIIL qui contrôlent aujourd’hui la ville ont donné à Marvin, à ses parents âgés et à son frère et à sa sœur quatre choix épineux : se convertir à l’islam, payer la jizya (taxe pour les non-musulmans), quitter la ville… ou être décapités. Les militants ont ensuite peint la lettre arabe « N » (pour nasrani ou chrétien) sur la maison.

LA LETTRE « N » (...)

Hanna était médecin dans un centre de soins à Mossoul avant que l’EIIL ne prenne d’assaut la ville. Elle a raconté : « Nous avons tout laissé derrière nous pour sauver nos vies. Nos enfants ont tellement peur qu’ils se réveillent en pleurs dans la nuit. Nous voulons quitter l’Irak pour l’avenir de nos enfants. La vie est devenue impossible ici. Tout ce que nous avons construit est parti en fumée et nous ne pouvons plus vivre à Mossoul. L’EIIL nous a volés nos vies. »

DES MENACES ET DES ATTAQUES

Pendant des semaines, les chrétiens ont eu peur que leur avenir à Mossoul ne soit menacé. Lorsque je me suis rendu dans la ville deux semaines après la prise de contrôle par l’EIIL le 10 juin, les menaces et les attaques contre la communauté chrétienne se multipliaient déjà. Beaucoup avaient fui, tout comme les membres d’autres communautés religieuses et ethniques. (...)

UNE BRUTALITÉ EXTRÊME

L’EIIL contrôle aujourd’hui une vaste région dans le nord-ouest de l’Irak, jusqu’à la frontière syrienne et au-delà. Et il reproduit en Irak le régime extrêmement brutal qu’il a imposé dans les régions syriennes sous son contrôle.

Sa capacité à terroriser la population civile s’est trouvée grandement renforcée par les armes prises dans les régions dont il s’est emparées – des armes fournies en 2003 au gouvernement central irakien par la force multinationale dirigée par les États-Unis, qui n’ont pas veillé à mettre en place des mécanismes permettant d’éviter qu’un scénario pas si improbable ne devienne réalité. (...)

Il incombe à la communauté internationale – et notamment aux membres de la « coalition des volontaires » qui sont entrés en Irak sans mandat de l’ONU il y a un peu plus de 10 ans – de relever le défi. Ils doivent de toute urgence venir en aide aux centaines de milliers de civils irakiens qui ont été contraints de quitter leur foyer et dont les vies sont détruites. (...)