
Si la guerre d’Irak était à refaire, la réponse, aux Etats-Unis, serait « sûrement non ». Elle aura été un tel désastre à tous les niveaux que la célébration du dixième anniversaire de son déclenchement, le 20 mars dernier, s’est déroulée dans une certaine discrétion. Pendant ce temps, deux chercheurs, Neta Crawford, professeur de sciences politiques à l’Université de Boston et Catherine Lutz de l’Institut d’Etudes Internationales à l’Université Brown, se penchaient sur le bilan de cette guerre et livraient nombre de renseignements assez édifiants.
Zéro.
– Zéro est le chiffre attribuable au terrorisme en Irak avant le déclenchement de la guerre. Al-Qaïda n’avait pas de présence en Irak avant l’invasion américaine de 2003. Depuis, une nouvelle organisation connue sous le nom d’Al-Qaïda en Irak, a vu le jour. Elle mène des attaques contre les forces américaines, les forces de l’ordre irakiennes et la population civile. Al Qaïda s’est par ailleurs propagée dans des pays voisins comme la Syrie, la Jordanie et la Libye. L’Irak est ainsi devenu un « front » dans la guerre contre le terrorisme, mais il s’agit d’un « front » créé par les Etats-Unis.
– 2 + 2 est la somme des conflits exacerbés après l’intervention américaine en Irak. (...)
– 8. C’est le chiffre correspondant à l’ampleur de la corruption en Irak, dix ans après l’intervention américaine. La mise en place de nouvelles institutions s’est accompagnée d’une généralisation de la corruption. (...)
– 2,5 et 10 microns : pollution à grande échelle. La taille des particules de poussières toxiques respirées en Irak est, suite à la guerre, de 2,5 et 10 microns. Les soldats de retour d’Irak ont des niveaux plus élevés de maladies respiratoires et cardiovasculaires que les soldats revenant d’autres guerres. (...)
– 84 : un désert médical. Après l’invasion de 2003, environ 18.000 médecins ont fui l’Irak. En 2012 on compte seulement 84 psychiatres et 22.000 médecins pour une population de plus de 31 millions de personnes (En France, c’est 268.072 pour 65 millions d’habitants). (...)
– 349 est le nombre des suicides enregistrés dans les rangs des soldats américains en service actif en 2012.
– 2,5 millions est le nombre des membres des forces armées américaines qui ont été déployés dans les opérations en Irak et en Afghanistan. Plus de 1,5 millions ont déjà quitté le service actif et sont éligibles au bénéfice des prestations médicales et d’invalidité pour les anciens combattants. Linda Bilmes de l’Université Harvard relève que ces anciens combattants sont très malades. Un tiers présente des problèmes de santé mentale (...)
– 1,7 mille milliards de dollars. C’est le coût de la guerre en Irak pour les contribuables américains, avant d’ajouter les soins futurs pour les anciens combattants et les intérêts sur les emprunts de guerre. (...)
– 4 mille milliards de dollars est le coût des Intérêts cumulés sur les emprunts pour l’Irak à l’horizon 2053.
– D’autres données de cette guerre n’ont pas été prises en compte, ce qui n’empêche pas de tirer quelques enseignements. Le premier enseignement est que le coût (humain et financier) de la guerre d’Irak avait été largement sous-estimé (...)