
Selon l’analyse bibliométrique conduite par l’association Générations futures, 99 % des études sur la toxicité du pesticide sont jugées non pertinentes ou non fiables par le rapport préliminaire européen.
Une expertise peut-elle être scientifique si la science n’y a pas sa place ? C’est l’épineuse question posée par l’association Générations futures à propos de l’expertise préliminaire européenne sur le glyphosate, qui doit permettre la réautorisation en Europe de l’herbicide controversé, fin 2022. Dans une analyse rendue publique mardi 16 novembre, l’association antipesticide estime et chiffre, pour la première fois, la non-prise en compte de l’écrasante majorité des études universitaires récentes par le rapport préliminaire européen (RAR, pour « Renewal Assessment Report »), préparé par les agences réglementaires néerlandaise, hongroise, française et suédoise.
Selon l’analyse bibliométrique conduite par l’association, seules 3 % des 7 188 études publiées dans les revues scientifiques internationales sur le glyphosate au cours des dix dernières années ont, en effet, été jugées « pertinentes » et « pouvant être utiles pour l’évaluation » de la substance. Parmi celles-ci, seule une petite fraction – 0,4 % de l’ensemble – est jugée « fiable ». Au total, c’est ainsi plus de 99 % de la littérature savante produite au cours de la dernière décennie sur la toxicité, l’écotoxicité ou les propriétés de perturbation endocrinienne (capacité à interférer avec le système hormonal) du pesticide de synthèse le plus utilisé au monde qui est jugé non pertinente ou non fiable par le RAR.
A l’inverse, note l’association, les études conduites par les fabricants bénéficient d’une plus grande mansuétude et finissent par fonder l’essentiel de l’expertise européenne. Pourtant, l’association relève des « défauts majeurs » dans la plupart de ces tests réglementaires, qui ont pourtant été considérés comme fiables par les évaluateurs européens. (...)
Selon les conclusions du RAR, communiquées en juin, le glyphosate ne serait ni cancérogène, ni mutagène, ni reprotoxique, ni perturbateur endocrinien. Au même moment, l’expertise collective de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) faisait valoir une opinion différente, concluant notamment à une « présomption moyenne » d’un lien entre exposition professionnelle au glyphosate et survenue d’un lymphome non hodgkinien, un type de cancer du système lymphatique. (...)