
L’électrohypersensibilité reste une énigme pour les scientifiques. L’Académie nationale de médecine va se pencher réellement sur la question de manière à mieux cerner la maladie et aider plus efficacement les patients qui en sont atteints. Après quarante-quatre mois d’étude sur 24 centres hospitaliers, de nouveaux éléments devraient tomber.
Cette étude, qui « vise à évaluer l’efficacité d’une prise en charge médicale individualisée des personnes électrohypersensibles », a été présentée le 14 février dernier. (...)
Alors que les victimes de ce phénomène déplorent, dans le monde entier, l’état de négligence dans lequel elles estiment se trouver, on aurait pu penser que cette initiative allait être favorablement accueillie. Eh bien pas du tout… Nombre d’associations s’insurgent et demandent que soient reconnus les effets délétères d’une exposition aux radiofréquences. Pour l’Académie nationale de médecine, une mise au point s’impose. Elle prend la forme d’une mise en garde contre manipulations et dérives sectaires. (...)
D’un strict point de vue scientifique, l’Académie rappelle que « plus de 40 études en double aveugle ont montré que les personnes […] électrohypersensibles ne ressentent pas plus de troubles en présence qu’en l’absence de radiofréquences ». En clair, il n’existe aucune preuve scientifique objective que les ondes électromagnétiques soient impliquées dans l’EHS. « Nous disposons d’un ensemble de données et de conclusions d’expertises collectives solides, permettant de rattacher l’électrohypersensibilité à une origine psychologique » souligne l’Académie. Ce qui ne signifie aucunement, bien sûr, qu’elle n’existe pas.
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Se plaçant sous le point de vue médical, les académiciens nient cependant que tout cela se passe dans la tête, pour reprendre une expression populaire. Bien au contraire, ils soulignent que « l’angoisse ou la somatisation en présence d’émetteurs de champs électromagnétiques peuvent être telles, qu’elles se traduisent par des troubles bien réels […]. Une prise en charge adaptée est donc nécessaire ». Réitérant ses avis précédents, l’Académie souligne cependant les dangers auxquels ces patients peuvent se trouver exposés. Car « ces troubles, pouvant entraîner de graves handicaps sociaux, [sont parfois] utilisés à des fins contestables au détriment des intéressés ». (...)