
Ratisser large. UMP et Front National partagent la même stratégie : déployer le plus largement possible leurs filets pour tenter de ramener un maximum d’électeurs en 2012. Quitte à cultiver l’ambiguïté avec une ligne officielle et une ligne officieuse parfois critiquée mais jamais sanctionnée. Derrière l’image de respectabilité entretenue de leurs dirigeants FN et UMP braconnent en eaux troubles en recourant aux services respectifs de Jean-Marie Le Pen et de la Droite populaire.
Non, J.M. Le Pen n’est pas mort politiquement. La porte du placard du président d’honneur du Front national s’entrebaille régulièrement pour émettre des saillies verbales dont il a le secret.
Un double effet qui permet dans le même temps de rassurer les "traditionalistes" du FN et de donner par contraste une fausse image de modernité et de modération de Marine Le Pen.(...)
La tuerie survenue dernièrement en Norvège illustre parfaitement cette répartition des rôles digne d’un commissariat entre bons et méchants flics.(...)
PS et SOS racisme, mais aussi l’UMP par la voix de Valérie Rosso-Debord déléguée générale adjointe, sont montés au créneau pour dénoncer un énième dérapage. Tous pointent le double langage de la formation d’extrême droite. L’UMP ne fait pourtant pas autrement en entretenant dans son propre sein un collectif de 44 députés auto-investi de la défense des fondamentaux du sarkozysme.(...)
Animé par des élus décomplexés et à la langue bien pendue, ce groupe informel est censé retranscrire le ressenti du terrain, de la base, d’où son nom, "la Droite populaire".
Ses représentants - Jacques Myard, député des Yvelines, Lionnel Luca (Alpes-Maritimes), Christian Vanneste (Nord), Philippe Meunier (Rhône) ou encore Jean-Paul Garraud (Gironde) - partagent avec JM Le Pen un parler cru et volontairement provocateur.
Ils peuvent se prévaloir de l’attention bienveillant du Chef de l’Etat qui voit dans cette liste d’élus à la Prévert un carré de grognards qui lui offre un effet double lame. Un premier passage avec la voix officiel de l’UMP ramène les électeurs "propres sur eux" quand la deuxième lame permet d’emporter les récalcitrants.(...)
Cette politisation à la Don Camillo pourraît prêter à sourire si elle n’engendrait crispations et montée de l’agressivité dans une société suffisament tendue.(...)
Fin stratège, Nicolas Sarkozy a choisi d’accompagner ce qu’il ne peut maîtriser. Quitte à laisser émerger un FN "light" au sein de l’UMP.(...) Wikio