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Comment les hyper-riches menacent la démocratie : les calculs de l’économiste Julia Cagé
#elections #démocratie
Article mis en ligne le 11 février 2023

Financement des campagnes électorales, rachat de médias, philanthropie… Passant au crible les investissements des très riches dans la vie publique, l’économiste Julia Cagé y voit une menace pour la démocratie.

Dans « Libres et égaux en voix » (Fayard, 2020), vous écrivez que nous pensons vivre dans une démocratie, alors que la réalité de notre régime politique serait la ploutocratie. Qu’est-ce qui vous amène à dire ça ?

La démocratie représentative consiste à donner exactement le même poids politique à chaque individu, selon le principe « une personne = une voix ». En France, depuis la Libération, tous les individus jouissent du droit de vote, indépendamment de leurs ressources ou de leur sexe. On pourrait donc penser qu’on est vraiment en démocratie. En réalité, chacun n’a pas le même poids dans le scrutin. Pourquoi ? Parce qu’en matière de financement des élections, le beau principe d’égalité n’est pas respecté.

Ce que l’on constate dans les faits, c’est plutôt « un euro = une voix », c’est-à-dire de très fortes inégalités dans les dons politiques, ce qui influe sur les programmes et sur le choix des candidats. C’est l’une des raisons de la crise actuelle de la démocratie représentative.

Pourtant, les dons aux partis politiques sont plafonnés. Cela ne suffit-il pas ?

En France, depuis 1988, les dons aux partis politiques sont en effet plafonnés, actuellement à 7 500 euros par contribuable et par an. On en déduit souvent que la démocratie française, malgré ses défauts, est protégée des distorsions d’autres systèmes, et en particulier de la démocratie états-unienne.

Or, ce n’est pas le cas, comme je m’en suis aperçue lorsque j’ai décidé de me plonger dans les données. (...)

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 (Editions Fayard)
Julia Cagé : Libres et égaux en voix

La démocratie n’existe pas. Elle reste à inventer.

Loin d’être un refus de la politique, la crise actuelle de la démocratie représentative se manifeste par le combat de citoyens demandant davantage de démocratie, de participation et d’égalité.

Libres et égaux en voix propose ainsi de donner une voix et des places à celles et ceux qui en ont été trop longtemps privés : les femmes, les classes populaires, les minorités. D’abord en repensant notre système électoral et en garantissant la représentation parmi les parlementaires de la réalité de la société. Ensuite en proposant un nouvel équilibre entre la démocratie représentative et un usage raisonné du référendum. Enfin en donnant aux citoyens les moyens de reprendre le contrôle des partis, des médias et de la philanthropie, afin de dessiner un nouvel horizon politique égalitaire. (...)