
Après la désignation du bureau, les députés ont renouvelé la tête des commissions permanentes. Le « socle commun » les récupère toutes, à défaut de celle des Finances, avec l’aide de l’extrême droite venue à son secours.
On savait la Macronie capable de toutes les contorsions pour se maintenir au pouvoir. Ce jeudi 2 octobre, à l’occasion de la désignation des cadres des commissions permanentes de l’Assemblée nationale, le camp gouvernemental a franchi une nouvelle étape en conquérant plusieurs postes clés grâce au soutien du Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen.
Un accord établi au détriment de la gauche qui avait pourtant permis à la minorité présidentielle de conserver bien des députés en juillet 2024 grâce à la constitution d’un « front républicain ». « Les macronistes poursuivent leur compromission : aucun candidat RN ne s’est présenté aux présidences de commission pour respecter le deal avec le bloc central. La déchéance est immense », s’est désolé Arthur Delaporte, porte-parole du groupe socialiste.
« Nous sommes face à un accord politique »
Pour la gauche, les pertes sont importantes. La socialiste Fatiha Keloua-Hachi perd la tête de la commission des Affaires culturelles au détriment d’Alexandre Portier. Le député « Les Républicains » n’était pourtant pas le nom idéal pour une grande partie du « socle », en particulier pour les membres du Modem, celui-ci n’ayant pas voté la confiance à François Bayrou le mois dernier. Mais son « profil conservateur » était largement plébiscité par leurs nouveaux alliés du RN.
L’insoumise Aurélie Trouvé est également déboulonnée, cette fois de la très prisée présidence des Affaires économiques pour son pouvoir de contrôle de l’action du gouvernement. Stéphane Travert, parlementaire Renaissance, prend sa succession. « L’extrême droite et la Macronie ont pactisé dans le seul but d’éviter que le gouvernement et le patronat aient à rendre des comptes à la représentation nationale », a immédiatement réagi La France insoumise.
Un peu plus tôt, le Nouveau Front populaire enregistrait un autre revers face à cette même alliance : la perte de cinq postes de secrétaires de l’Assemblée. La gauche en compte désormais seulement quatre et n’est donc plus majoritaire au sein du bureau (...)
Charles de Courson, député Liot, rapporteur général du budget depuis juillet 2024 et voix très critique vis-à-vis de l’action du gouvernement, est contraint de laisser sa place au LR Philippe Juvin.
« Il n’aurait pas perdu son poste si le RN et la majorité n’avaient pas voté de concert. Tout ce qui se faisait sous le prétexte du respect du pluralisme cachait en fait un accord beaucoup plus vaste. Nous sommes face à un accord politique de courte échelle très inquiétant pour l’avenir », constate Éric Coquerel, président LFI de la commission des Finances, qui conserve, lui, son poste, car réservé à un élu d’opposition.
La Macronie prise à son propre piège
Même si ce mariage d’intérêts apparaît publiquement, dénoncé avec virulence par la gauche comme par le groupe Liot, les membres du socle commun continuent de nier l’évidence. Osant même, non sans culot, interpeller la gauche sur ses responsabilités (...)
Tout au long de la journée, le RN a joué à fond la carte de l’alliance avec la Macronie. Mercredi, en proposant et en concluant un accord qui permet à la formation de Marine Le Pen d’obtenir deux postes de vice-président de l’Assemblée, en l’occurrence Sébastien Chenu et Hélène Laporte. Et le lendemain, le camp gouvernemental a obtenu le soutien de l’extrême droite pour mettre la main sur quelques postes clés au sein des huit commissions permanentes.
« Au vu des équilibres, on ne peut faire autrement », se justifiait un député Renaissance dans la matinée, alors que l’an dernier, le RN avait été écarté de tous les postes clés… Sur soixante-douze membres des commissions, vingt-quatre appartiennent au socle commun et vingt-cinq au Nouveau Front populaire (NFP). Une composition qui fait du groupe Liot (trois élus) et de l’extrême droite (dix-sept) les arbitres d’un match provoqué par l’éclatement du front républicain par les Macronistes.
« Nous dénonçons avec force cette recomposition politique honteuse où le front national supplante le front républicain », se sont ainsi indignés les députés PCF, qui s’inquiètent d’une « alliance politique durable » entre les camps Macron et Le Pen, en rupture totale avec les engagements pris par le RN et Renaissance devant les électeurs…