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Kamala Harris : sa tournée de livre vire au fiasco entre militants pro-Palestine et déni électoral
#USA #democrates #KamalaHarris
Article mis en ligne le 4 octobre 2025
dernière modification le 2 octobre 2025

Ce qui devait être une opération de reconquête narrative se transforme en révélateur des fractures profondes qui traversent le camp démocrate : incapacité à trancher sur Gaza, tentation du déni électoral et aveux d’impuissance stratégique. Un spectacle où, plus que l’ex-candidate Kamala Harris, c’est tout un parti qui expose ses contradictions.

Au soir de l’ouverture de sa tournée pour 107 Days, Kamala Harris a offert un condensé presque parfait des contradictions qui minent aujourd’hui le camp démocrate. Dans la salle new-yorkaise où elle présentait son livre, des militants pro-palestiniens l’ont interrompue à plusieurs reprises, l’accusant de complicité dans la guerre menée par Israël à Gaza. (...)

Harris a tenté de calmer le jeu — « ce qui arrive au peuple palestinien est scandaleux et me brise le cœur », a-t-elle lancé — tout en reprochant aux protestataires d’« empêcher [sa] liberté de parole ». L’épisode révèle une fracture idéologique béante : une base jeune et mobilisée par Gaza face à une dirigeante restée, en campagne, prisonnière de l’orthodoxie washingtonienne.

Mais le tumulte ne venait pas seulement de la gauche anti-guerre. À l’intérieur même du théâtre, un autre phénomène—plus dérangeant encore—se donnait à voir : la « bluelulu », cette bulle de partisans persuadés que Harris a « vraiment » gagné l’élection 2024.

Dans les files d’attente, certains évoquaient des théories fumeuses sur une prétendue manipulation des votes, au point d’ériger, miroir inversé de l’ère Trump, une déni-culture bleue qui ridiculise les libéraux et sape toute autorité morale quand ils dénoncent le négationnisme électoral de la droite. (...)

Reste le livre lui-même, catharsis trop tardive ou calcul mal avisé ? Harris s’y défausse à demi-mots sur l’entourage Biden : avoir laissé la décision de rempiler au seul couple présidentiel fut, écrit-elle, une forme de « recklessness ». Le mot claque comme un verdict : si l’on en croit Harris, l’establishment a manqué de courage stratégique — et elle, de latitude — pour changer le cours de l’histoire.

Or cette confession, loin de réconcilier, nourrit l’idée d’un parti qui règle ses comptes en public au lieu de se demander pourquoi son message n’a pas convaincu l’électorat charnière. (...)

Les réactions outrées — y compris chez des alliés médiatiques — montrent combien ces pages, censées expliquer l’échec, entérinent plutôt la pauvreté de l’imaginaire politique du centre démocrate.

Au total, la tournée 107 Days ressemble à un carambolage : dehors, la colère contre Gaza ; dedans, une fan fébrile qui flirte avec le complotisme ; sur scène, une ex-candidate qui cherche la note juste entre empathie et autoplaidoirie.

Le paradoxe est cruel : Harris voulait reprendre la main narrative, elle n’a fait que mettre en vitrine les impasses de son camp (...)

Et pendant que l’on discute de « qui a trahi qui », les électeurs, eux, n’entendent qu’une chose : le pouvoir ne parle plus vraiment d’eux.