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Comment des entreprises européennes sont liées à la déforestation illégale de l’Amazonie
Article mis en ligne le 28 avril 2019
dernière modification le 26 avril 2019

La déforestation de la forêt amazonienne s’intensifie, comme les violations contre les droits des peuples autochtones qui y vivent, cibles du gouvernement d’extrême droite brésilien. Un rapport publié le 25 avril par l’organisation Amazon Watch accuse des entreprises européennes et nord-américaines de participer indirectement à la destruction de la forêt amazonienne, milieu de vie des communautés autochtones et indispensable à l’équilibre climatique planétaire. En cause : les rapports commerciaux que ces compagnies et investisseurs continuent d’entretenir avec des entreprises brésiliennes pourtant condamnées pour déforestation illégale.

En important du soja, de la viande de bœuf, du bois ou du sucre, des entreprises européennes et nord-américaines se rendraient-elles directement ou indirectement complices de la déforestation illégale de la forêt amazonienne et de violations des droits des peuples autochtones ? C’est à cette question que répond un rapport de l’ONG Amazon Watch rendu public ce 25 avril. « Européens et Nord-américains font partie du problème, mais ils font aussi partie de la solution », dit Christian Poirier, qui a dirigé les recherches.

Amazon Watch, en collaboration avec l’Observatoire brésilien de l’agro-négoce [1] et l’organisation néerlandaise Porfundo, ont récolté des données publiques sur plus de 50 entreprises brésiliennes. (...)

Deux importateurs français s’approvisionnent auprès d’une entreprise brésilienne condamnée (...)

Guillemette & Cie, spécialisée dans l’importation de bois, et le Groupe Rougier, un des leaders mondiaux du négoce de bois. Sur les deux années 2017 et 2018, Guillemette & Cie a importé par bateau 266 tonnes de bois vendu par Benevides Madeiras, note le rapport. Une filiale du groupe Rougier a pour sa part importé 125 tonnes de bois vendus par la firme brésilienne.

Des supermarchés bio peuvent vendre des produits de sociétés impliquées dans la déforestation illégale (...)

La forêt primaire d’Amazonie ne cesse de perdre du terrain face à l’avancée de l’exploitation industrielle des terres, utilisées principalement pour étendre les plantations et les pâturages. Un nouveau record a été franchi en 2018, avec 7900 km2 de forêt, l’équivalent d’un département français, défriché. Elle est aussi affectée par le commerce du bois et les activités minières. La situation s’aggrave depuis l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro en janvier. (...)

Face au recul des marges de manœuvres des contre-pouvoirs locaux, Amazon Watch et une série d’organisations, dont la Coordination des peuples indigènes du Brésil, en appellent à la responsabilité de chacun au niveau international. (...)

Lancé officiellement le 25 avril à Brasilia, lors du rassemblement annuel de la « Terre libre » des leaders de tous les peuples autochtones du Brésil (soit 800 000 individus), le rapport d’Amazon Watch espère attirer l’attention internationale sur la question. Pendant trois jours, du 24 au 26 avril, 5000 personnes ont campé à proximité des bâtiments du gouvernement brésilien pour faire entendre leurs revendications face à un président qui, selon eux, considère les peuples indigènes comme un « ennemi ». La présidente de la Coordination des peuples indigènes du Brésil, Sônia Guajajara, souhaite aller plus loin : « Nous demandons aux consommateurs de boycotter les produits issus de l’agrobusiness brésilien, jusqu’à ce que le gouvernement prenne en considération la question des démarcations de terre et des violences contre les indigènes. Car nous voulons la paix et nos peuples veulent vivre enfin une vie juste et digne. »