
(...) Laura Petersell passe ses journées à l’hôtel de police, dans un petit bureau au sous-sol, environnée d’étrangers désemparés. Déléguée permanente de la Cimade au centre de rétention administrative à Bordeaux depuis sa réouverture au mois de juin dernier, cette juriste diplômée a la lourde tâche « d’accompagner » des hommes arrêtés par la police et projetés du jour au lendemain dans un univers carcéral.
(...) « Depuis la réouverture du centre de rétention après l’incendie d’il y a deux ans, 96 personnes ont été placées ici, 38 ont été contraintes de quitter le territoire mais seulement 34 de celles-ci sont passées devant le juge. Cette nouvelle loi a rendu l’accès à ce magistrat plus difficile car on peut maintenir enfermées les personnes pendant cinq jours au lieu de 48 heures auparavant, ce qui laisse davantage de temps à l’administration pour organiser l’expulsion. Et ceci avant que ces personnes aient pu faire valoir leurs droits », explique Laura Petersell. (...)
La déléguée de la Cimade, association ayant remporté auprès de la préfecture le marché public de la « mission d’accès au droit », a pour tâche de créer le lien avec les avocats commis d’office, ou ceux qui militent au sein de l’Institut de défense des étrangers (IDE). (...)
La déléguée de la Cimade, association ayant remporté auprès de la préfecture le marché public de la « mission d’accès au droit », a pour tâche de créer le lien avec les avocats commis d’office, ou ceux qui militent au sein de l’Institut de défense des étrangers (IDE). (...)
C’est donc une sorte de petite sentinelle des droits de l’homme aux moyens toutefois très limités en même temps qu’une conseillère juridique permanente. Et parfois une confidente. Au moins son témoignage est-il utile pour savoir ce qui se vit dans ce souterrain jalousement gardé. (...)
Le délai maximum de rétention est de 45 jours mais même s’il s’avère en général beaucoup plus court, cet enfermement n’en provoque pas moins quelques dégâts psychiques chez les intéressés : « Être enfermé trois jours et 40 jours, ce n’est pas du tout pareil ; on voit des gens se dégrader très rapidement à mesure que leur rétention s’allonge ». La déléguée de la Cimade veut pourtant souligner l’attitude de la juridiction de Bordeaux : « Elle est souvent d’accord pour considérer que la garde à vue pour défaut de papiers est illégale. »
Mais Laura Petersell souligne aussi : « Le zèle à enfermer les étrangers en situation irrégulière est forcément lié au fait que le préfet Stefanini a été le directeur de cabinet de Brice Hortefeux lorsqu’il était ministre de l’Immigration. (...)