
Jamais auparavant la thématique de la manifestation "Printemps de la Diversité" n’a tant été d’actualité. La médiatisation intense des tragédies se jouant chaque jour en Méditerranée nous rappelle quotidiennement, et de la plus violente des façons, la tournure dramatique que peuvent prendre certains déplacements de populations. Derrière les images d’horreur, les faits. Et il est nécessaire de les comprendre. Ce mercredi 20 mai, à l’occasion de la journée mondiale de la diversité culturelle, les panélistes de la table ronde "Les migrants : menace ou espoir ? " ont chacun défendu leur vision des phénomènes migratoires, face à un public venu en nombre.
230 millions de migrants internationaux en 2010
Invité d’honneur de cette table ronde, Cheikh Tidiane Gadio a déploré une crise politique généralisée en matière de migration, exacerbée par les crises sécuritaires, les tragédies perpétrées par des groupes terroristes, l’expansion de virus mortels et les trafics de stupéfiants. « Partis mettre fin à une vie de calvaire », plus de 1800 migrants ont déjà trouvé la mort en Méditerranée depuis janvier … Les chiffres émeuvent l’ancien ministre sénégalais des affaires étrangères, consterné par l’absence de représentants africains au dernier sommet européen consacré à la lutte contre ces dramatiques naufrages au larges des côtes libyennes (...)
Qu’en dit la loi ?
Maître Lucille Hugon, avocate au Barreau de Bordeaux, s’est replongée pour l’occasion dans la structure sémantique et textuelle des lois françaises relatives aux droits des migrants. Celle-ci l’affirme, notre législation ethno-centriste actuelle précarise et rend temporaire la présence des étrangers sur le sol français : « La loi française est régie par une véritable peur de l’envahissement ». Lucille Hugon s’est par ailleurs dite particulièrement apeurée par la possibilité d’arrestation d’étrangers en situation irrégulière à leur domicile : « C’est une traque, on considère là les étrangers comme des criminels ». (...)
« Pour la plupart, ils ont entre 20 et 50 ans et travaillent deux fois plus que les autres ! »
Le cri du cœur de Manuel Dias, président du Réseau aquitain pour l’histoire et la mémoire de l’immigration, en a certainement marqué plus d’un au Conseil Régional. Humaniste aux origines croisées franco-portugaises, il a remarquablement défendu les mérites d’une immigration en débat.
Sur le plan culturel, sportif, humain, social … la liste des apports de ce phénomène humain fondamental est longue ! « Aujourd’hui, les grandes nations doivent 30 à 40% de leur dynamisme à l’immigration » a t-il déclaré. Mais paradoxalement, si l’initiative de AQAFI incite au dialogue et à l’ouverture, pour Manuel Dias, la plupart des partis politiques se bornent depuis longue date à la vision unique du migrant comme menace. (...)
Après être revenu quelques instants sur la période coloniale, « à l’époque où le discours dominant était celui d’une mission civilisatrice arrogée par l’Homme blanc » et sur la peur du « grand remplacement », Daouda Gary Tounkara, chargé de recherche au CNRS, a rappelé toute la symbolique de la migration : « Certains sont près à mourir car ils ont un sentiment de perte de dignité et de reconnaissance dans leur pays. Pour eux, la migration sonne le début de la maîtrise de leur destin ».
« L’apartheid scolaire » selon Joëlle Perroton
Au regard des chiffres, la part d’enfants issus de l’immigration scolarisés dans les écoles françaises, en constante diminution depuis les années 1980, ne représentente que 16% de notre système éducatif. Dans ce cadre, il n’est pas inutile de rappeler que le relatif « échec scolaire » de ces élèves est plus souvent lié à leurs caractéristiques socio-démographiques défavorables qu’à leurs origines ethniques. (...)