« La Conquête du pouvoir », telle est l’affiche du 22e Festival du film d’histoire de Pessac. Dans quelques semaines, nous entrerons dans la campagne présidentielle : gageons que le choix du thème de cette année n’y est pas étranger. Même si Hitler, Pinochet, César ou Bonaparte sont au programme, nous aurons en tête la grande partie qui se prépare entre Nicolas Sarkozy, François Hollande, Marine Le Pen, François Bayrou et les autres.
Le Festival nous interroge : qu’est-ce qui a changé depuis les débuts de la Ve République ? Pour s’en tenir aux pratiques et aux fonctionnements, trois grandes mutations me semblent avoir profondément modifié notre manière d’être politique.
(...) On peut tirer de ces changements deux conclusions contradictoires. En somme, ils vont dans le sens d’une démocratie directe ; d’une vie politique qui n’est plus confisquée par une oligarchie professionnelle. Les sondages eux-mêmes intègrent, à leur façon, l’avis de citoyens, au nom desquels les politiciens déclamaient jadis sans le connaître. Inversement, l’évolution va aussi dans le sens d’une vedettarisation de la politique qui ne peut échapper aux règles du spectacle devenu roi.
On en parlera au Festival du film d’histoire de Pessac, qui s’ouvre aujourd’hui avec cette question clé, traitée par Pierre Rosanvallon : « Les peuples prennent-ils jamais le pouvoir ? »