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France24
Venezuela : la crainte d’une intervention militaire des États-Unis fait trembler l’Amérique latine
#USA #Trump #Venezuela #Maduro
Article mis en ligne le 25 octobre 2025

Les manœuvres navales et les frappes annoncées par les États-Unis près des côtes vénézuéliennes ont brusquement ramené la question d’une intervention militaire au cœur du débat régional. Présentée par la Maison Blanche comme une riposte au narcotrafic, l’offensive est perçue par Caracas et plusieurs capitales sud-américaines comme une menace aux conséquences imprévisibles, d’autant que le discours présidentiel américain Donald Trump s’est récemment décomplexé quant à l’usage de la force.

Sur ordre de Donald Trump, les États-Unis ont envoyé vendredi 24 octobre un porte-avions à Trinité-et-Tobago, pour lutter contre le narcotrafic en Amérique latine. La marine américaine prévoit des exercices dimanche, tout près du Venezuela. Sept navires de guerre ont été déployés dans les Caraïbes, et un dans le Golfe du Mexique, tandis qu’un bombardier B-1B est passé tout près des côtes vénézuéliennes, selon les données de suivi des vols. Un acte que la Maison Blanche dément pour le moment.

Ces manœuvres navales inquiètent les pays de la région au plus haut point, à commencer par le premier intéressé – le régime de Nicolas Maduro. Washington assure en effet viser le gang vénézuélien Tren de Aragua pour l’empêcher d’acheminer de la drogue aux États-Unis. (...)

Le dirigeant vénézuélien, qui tente depuis plusieurs semaines d’apaiser les tensions avec Donald Trump, a de nouveau lancé un appel à la paix, cette fois sur un ton teinté d’ironie : "Oui paix, oui paix, oui paix, pour toujours, paix pour toujours, pas de guerre folle, s’il vous plaît", a-t-il lancé, imitant le phrasé si particulier de son homologue américain, qu’il qualifie de "langage Tarzan", et rappelant que des équipements militaires achetés à la Russie et à la Chine avaient été testés.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, le ministre de la Guerre Pete Hegseth annonçait par ailleurs avoir frappé une sixième embarcation de narcotrafiquants présumés en eaux internationales, tuant six personnes et portant le bilan total à au moins 43 morts dans les Caraïbes et le Pacifique (...)

"Nous n’allons pas nécessairement demander une déclaration de guerre au Congrès, nous allons simplement tuer les gens qui entrent dans notre pays", s’est défendu vendredi Donald Trump, qui essaie tant bien que mal de se présenter comme un président pacificateur depuis son retour dans le Bureau ovale en janvier dernier. (...)

Une "intervention extérieure" au Venezuela "peut enflammer" l’Amérique du Sud, a réagi vendredi le conseiller spécial de Luiz Inacio Lula da Silva pour les Affaires étrangères, en amont d’une potentielle rencontre dimanche en Malaisie entre le président brésilien et le locataire de la Maison Blanche. (...)

Malgré la montée en tension, qui a atteint un seuil inédit avec l’autorisation mi-septembre par Trump d’actions clandestines de la CIA au Venezuela, une opération militaire de grande ampleur semble toutefois inimaginable à l’heure actuelle.

"Le pari de Trump est de faire peur, de mettre une pression de plus à Maduro dans l’espoir qu’il quittera le pouvoir de lui-même", estime Nelson Castellano, ancien consul du Venezuela. "Il n’enverra pas de troupes américaines sur le terrain, l’intervention militaire devrait se cantonner à ce que l’on voit là", juge notre chroniqueuse internationale Kethevane Gorjestani. (...)

Une instrumentalisation politique de la santé publique ?

Pour la base trumpiste, cette thématique s’inscrit en effet dans un discours plus large sur la crise du fentanyl, qui, malgré un déclin notable, a tout de même causé la mort de 87 000 Américains entre octobre 2023 et septembre 2024. Dans ses meetings de campagne, Trump accusait régulièrement des régimes "complices" comme le Venezuela d’alimenter l’épidémie.

Gabriel Hetland, professeur d’études latino-américaines à l’Université d’Albany, y voit plutôt une tentative maladroite d’instrumentalisation politique d’une question de santé publique (...)

"Il s’en prend au Venezuela et à la Colombie, car ce sont des gouvernements de gauche : beaucoup de cocaïne passe pourtant par l’Équateur", note quant à lui Jean-Michel Leprince, journaliste qui a couvert l’Amérique latine pendant 40 ans pour Radio Canada.

Il l’assure, il sera "très difficile" pour Trump de se débarrasser de Maduro : "Il dispose d’un service de sécurité cubain très compétent, présent depuis l’époque de Chavez : Castro a ainsi pu réchapper à plus de 600 tentatives d’assassinat…".