
Des violences physiques et psychologiques contre les éducateurs, des agressions sexuelles, voire des viols entre mineurs. Le constat dressé par les représentants des personnels au foyer de l’enfance de la Charente-Maritime fait froid dans le dos.
La CGT Santé et la CFDT viennent de tirer la sonnette d’alarme en écrivant une lettre ouverte au préfet pour qu’il agisse urgemment. Actuellement, 102 mineurs sont accueillis par le foyer de l’enfance, structure administrée par le Conseil départemental, qui a consacré 78 millions d’euros à la protection de l’enfance en 2023 (+50% en trois ans).
Une petite majorité des enfants est hébergée à Saintes (55), qui possède une pouponnière de 12 places (0 à 4 ans). Les autres sont pris en charge à Puilboreau (47), structure devant laquelle était organisé un rassemblement syndical ce mardi matin en soutien aux collègues du médico-social. "Les alertes des travailleurs du foyer de l’enfance étant "inaudibles", nous avons décidé d’appeler le préfet à l’aide, afin de refaire du foyer de l’enfance un sanctuaire qui ne les abîme pas mais les protège", justifie Vincent Tranquard, secrétaire départemental de la CGT Santé 17. (...)
"On est complètement dépassé"
Concernant les viols évoqués dans la lettre ouverte au préfet, la présidente du département, Sylvie Marcilly confirme avoir eu connaissance d’un cas, qui remonte à 2021 et qui concernait deux enfants de huit ans. La direction du foyer de l’enfance reconnait aussi des signalements d’attouchements ou d’agressions sexuelles, qui font l’objet de signalements mais qui n’entrainent pas systématiquement une suite judiciaire.
Sylvie Marcilly, ne nie pas la situation "explosive", mais elle n’est pas propre à la Charente-Maritime. "Moi aussi, j’appelle à l’aide. L’Etat doit prendre la mesure de ses responsabilités en matière de l’enfance en danger. Le problème est national. Nos structures ne sont pas adaptées à des situations de plus en plus complexes et graves. On est complètement dépassé, nous ne sommes pas armés. On a une cinquantaine de mesures de placements qu’on ne peut pas honorer". L’équation est quasi-insoluble en l’état. Le nombre de demandes de placements explose et le recrutement des éducateurs spécialisés "qui ne sont pas des pédopsychiatres" est un chemin de croix. Des éducateurs en première ligne confrontés à des enfants de plus en plus violents. (...)
Le constat est là, il n’y a pas assez de capacité d’accueil pour les enfants malades qui ont besoin de soins longs. (...)