
Céline Pelosi est chercheuse à l’INRAE d’Avignon. Elle prouve que l’usage du glyphosate a des conséquences dévastatrices chez les vers de terre et donc sur la qualité des sols. Elle a signé une tribune dans Le Monde le 12 octobre dernier.
Céline Pelosi connaît tout des vers de terre et des bienfaits qu’ils apportent à notre sol. La chercheuse travaille à l’INRAE, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, à Agroparc à Avignon. Après avoir compilé de nombreuses études et en avoir mené elle-même, elle alerte sur ce que provoque une utilisation répétée du glyphosate sur les populations de vers de terre.
Des terres moins riches et moins productives
"Une application de glyphosate ne tuera pas nécessairement un ver de terre, explique Céline Pelosi avec beaucoup de pédagogie. C’est l’usage répété de cet herbicide qui va fatiguer les populations de vers, au fur et à mesure. Elles vont devenir de plus en plus basses. Et s’il n’y a plus de vers de terre, alors il y a moins de régulation des flux d’eau, moins de dégradations des matières organiques. Mais surtout, il y a moins de biodiversité. C’est un danger pour les agriculteurs puisque les vers de terre augmentent la croissance végétale".
Dans le détail, l’utilisation répétée du glyphosate provoque des retards de croissance, des défauts de reproduction et des changements de comportement. Le manque de vers de terre sur une parcelle agricole a lui deux conséquences : le rendement est plus faible et les plantes sont plus petites. Céline Pelosi souligne que c’est valable pour le glyphosate et pour tous les herbicides, pesticides ou insecticides.
La scientifique milite donc pour un changement de modèle agricole. (...)
Céline Pelosi conclut tout de même par une lueur d’espoir. Elle explique que lorsqu’on arrête d’utiliser du glyphosate sur une parcelle, par exemple pour se convertir en agriculture biologique, les vers de terre finissent par revenir. Ils mettent du temps, parfois cinq, 10 ou 15 ans, mais ils reviennent.