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Mediapart
Un syndicaliste policier au tribunal pour violences intrafamiliales
#violencesintrafamiliales #police
Article mis en ligne le 14 janvier 2024
dernière modification le 11 janvier 2024

Jérôme Jimenez, porte-parole de l’Unsa Police, était jugé pour des violences physiques et psychologiques sur son ex-conjointe et son fils de 8 ans. Il nie les faits. Mardi, la procureure de République a requis un stage de parentalité.

C’est le 8 mars 2023, journée de lutte pour les droits des femmes, qu’elle a décidé de déposer plainte. Ce jour-là, elle a vu son mari, porte-parole du syndicat Unsa Police en Île-de-France, s’exprimer à la télévision. « Pour moi, c’était inadmissible de l’entendre parler des violences faites aux femmes », affirme l’ex-conjointe du brigadier-chef Jérôme Jimenez à la barre. Celle-ci, également policière, écrit alors au procureur de la République pour dénoncer les violences physiques et psychologiques qu’elle aurait subies, avec ses deux enfants.

Dix mois plus tard, en ce 10 janvier 2024, dans une des salles austères aux murs en crépis gris du palais de justice de Créteil (Val-de-Marne), la présidente du tribunal énumère ce pourquoi cet officier de police judiciaire de 45 ans est mis en cause. Il lui est reproché d’avoir commis des violences sur sa conjointe ayant entraîné dix jours d’interruption totale de travail du 24 mars 2017 au 4 mai 2023, « en la menaçant avec un tournevis, en lui portant des coups de poing dans le dos, derrière la tête et sur le bras, en la poussant, en l’insultant, en lui tirant les cheveux, en la dénigrant ».

Le fonctionnaire est également mis en cause pour des violences sur son fils âgé de 8 ans « en lui tirant les cheveux, donnant une fessée, un coup de pied » en présence de sa sœur de 11 ans, du 1er novembre 2022 au 31 août 2023. (...)

L’avocate du syndicaliste accusé, en retrait de ses fonctions depuis sa garde à vue, a demandé un huis clos pour éviter un « lynchage médiatique » et se prémunir contre des risques pour « l’intégrité physique des policiers ». Refus du tribunal. L’audience est publique.

« Si j’avais le malheur de critiquer la police, il me défonçait la tronche », a raconté durant ses auditions son ex-compagne. Treize ans de relation émaillés de brimades (...)

Questionné par la présidente du tribunal, Jérôme Jimenez, vêtu d’une veste noire sur une chemise blanche, a nié la quasi-totalité des faits (...)

Le policier sanglote quand il évoque ses enfants, sa « relation extraordinaire » avec sa fille – laquelle a dénoncé ses violences. (...)

Au tour de l’ex-épouse de Jérôme Jimenez de prendre la parole. On la distingue à peine sous sa doudoune ocre. Elle bute sur les mots, hésite parfois, mais ne varie pas. « Je me disais qu’il allait guérir. Cette violence, je me disais que c’était aussi son vécu, il avait eu une vie difficile. J’étais amoureuse, je ne voulais pas lui faire du mal. En tant que policier, la sanction, elle est multipliée. » Elle explique aussi avoir longtemps pensé réussir à protéger leur fils, puis, démunie, avoir pris la « décision de dire stop ».

Elle se « sent mieux » désormais, « depuis que Monsieur n’a plus le droit de communiquer avec [elle] [il a une interdiction de contact – ndlr], ça a été un grand soulagement ». (...)

La procureure, elle, estime que les violences conjugales ne sont pas matérialisées : « Je ne suis pas certaine que vous ayez des éléments suffisants pour entrer en voie de condamnation. » En revanche, au sujet du fils : « Monsieur vous dit que son éducation est bienveillante, je ne suis pas d’accord avec ça. [...] Il crie sur les enfants, il a reconnu les fessées. » Elle demande une peine minimale : un stage de responsabilité parentale. Décision le 14 février.