
Dans les Flixbus et Blablacar, moins chers que les trains, les contrôles d’identité et au faciès s’accentuent sur les routes de France. Pour les personnes sans papiers, ce moyen de transport souvent privilégié est de moins en moins sûr.
(...) Deux policiers, brassard orange au bras, remontent l’allée. Hormis deux ou trois cartes de voyageurs qu’ils regardent rapidement, les agents vont droit au but, vers la seule personne noire à bord, qui leur tend un papier plié. « C’est quoi ton nom ? Diallo ? En deux mots ? Guinéen ? » interroge l’un des deux, son carnet de notes ouvert. « C’est quoi ton année de naissance ? Hein ? Tu sais pas ? Tu as un sac en soute ? » Une minute plus tard, le car vert repart avec un passager en moins. (...) « Depuis 2019, il y a souvent des contrôles des bus, notamment au péage des Landes », confirme Amaia Fontag, porte-parole de la fédération Etorkinekin Diakaté, un collectif d’aide aux migrants au Pays Basque. « Mais depuis l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement qui diffuse et applique des idées de la droite extrême, on constate que les contrôles se renforcent », assure-t-elle, en référence aux mesures vantées par le très droitier ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. « Désormais, il y a même des contrôles au départ du bus à Bayonne. C’est arrivé trois fois depuis février, avec à chaque fois des arrestations », note-t-elle, marquée par un déploiement spectaculaire à la fin du mois de mars :
« Ils contrôlaient tout à la recherche de migrants. »
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Depuis les annonces sur la « force frontière » vantée par Bruno Retailleau et le Premier ministre François Bayrou, les grosses opérations de « contrôle des flux migratoires » se succèdent. « Ils ciblent tout moyen de transport, trains, bus, camions, voitures… », précise-t-on du côté de la police. Ainsi, le 11 avril 2025, le ministre de l’Intérieur, en déplacement dans les Pyrénées-Atlantiques, est interviewé devant le péage de Biriatou et se félicite de l’interpellation de « 144 étrangers en situation irrégulière » lors du dernier déploiement de la « force », du 25 au 27 mars 2025. 350 effectifs des forces de l’ordre (gendarmerie, police et douanes) ont quadrillé une grande zone frontalière avec l’Espagne. Interrogé à l’occasion d’un reportage du Figaro, un responsable confirmait contrôler avec priorité les cars internationaux. Mais ni le ministère de l’Intérieur, ni la police nationale n’ont souhaité partager de chiffres sur les contrôles et interpellations réalisées à bord des bus. (...)
« Les personnes en situation irrégulière sont plus précaires, donc elles prennent plutôt un Flixbus qu’un TGV. Il suffit d’un billet pour monter à bord, il n’y a pas la crainte des contrôleurs de la SNCF. Logiquement, les contrôles de police sont donc très fréquents. On n’a pas connaissance de directives, mais c’est vrai qu’on note un renforcement des contrôles, et ce depuis quelques années », reconnaît un communicant de la compagnie Flixbus. (...)