
Un mois après la chute du régime de Bachar Al-Assad en Syrie, l’incertitude demeure quant à la future transition politique du pays, alors que des signes d’instabilité se font jour dans et en dehors des territoires sous le contrôle des autorités de transition.
(...) La tendance générale à l’accalmie des dernières semaines a toutefois permis à l’ONU de relancer ses opérations humanitaires sur le terrain pour subvenir aux besoins grandissants de la population syrienne.
Une transition incertaine
« La voie à suivre en matière de transition politique n’est pas claire », a indiqué mercredi l’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Geir Pedersen, lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la situation dans le pays. (...)
Ahmed Al-Charaa, le nouveau dirigeant syrien de facto, a ainsi déclaré dans une interview sa volonté de mettre en place un processus de dialogue national inclusif, censé se solder par un vote sur les grandes orientations du pays. À cette occasion, il s’est prononcé pour la rédaction d’une Constitution par des experts d’ici deux à trois ans, ainsi que l’organisation d’élections dans les quatres prochaines années.
Or, l’Envoyé spécial constate que de nombreuses décisions relevant selon lui de la future phase de transition, concernant notamment la nature de l’État syrien, l’éducation nationale et le secteur sécuritaire, sont en train d’être prises de manière prématurée. (...)
Des signes d’instabilité
Au flottement politique actuel s’ajoutent des signes avant-coureur d’instabilité dans la zone sous le contrôle des nouveaux dirigeants.
« Nous avons reçu de nombreux rapports d’incidents violents dans la partie côtière du pays et dans les villes de Homs et Hama, notamment des témoignages de traitements dégradants et humiliants », s’est inquiété Geir Pedersen. (...)
Poursuite des combats (...)
Parallèlement, face à la crainte que Daech mette à profit le changement de régime pour étendre son influence dans le pays, les opérations de la coalition menée par les États-Unis contre l’organisation terroriste se poursuivent, notamment des frappes aériennes américaines et françaises.
Points positifs : relative accalmie et reprise des opérations humanitaires
Malgré ces développements préoccupants, le chef de l’humanitaire de l’ONU, Tom Fletcher, a quant à lui insisté sur la tendance générale à l’apaisement depuis la chute du gouvernement Assad, début décembre.
« Ces dernières semaines ont été moins turbulentes », a-t-il salué ce matin, lors de la réunion du Conseil.
Cette accalmie a ainsi permis à l’ONU à reprendre ses opérations humanitaires « à plus grande échelle » sur le terrain.
Le mois dernier, 298 camions transportant de l’aide humanitaire sont entrés en Syrie depuis la Turquie, soit l’équivalent de l’ensemble des camions ayant franchi la frontière entre les deux pays au cours des six précédents mois.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a soutenu un pont aérien humanitaire à partir de l’Union européenne afin de fournir 50 tonnes de fournitures dans le nord du pays. Parallèlement, l’agence onusienne prend part à une campagne de vaccination en cours dans le camp de réfugiés d’al-Hol, au nord-est du pays.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a livré du pain à plus de 2,5 millions de personnes et l’UNICEF a aidé à rétablir le fonctionnement du barrage de Tichrine, dans le nord-est syrien, dont dépendent plus de 400.000 personnes.
Des besoins considérables (...)
Au moment où l’hiver aggrave les conditions de vie de la population dans de nombreuses régions du pays, le chef de l’humanitaire a par ailleurs insisté sur la nécessité de protéger les civils déplacés au cours des deux derniers mois, soit plus de 620.000 personnes, auxquelles s’ajoutent plus de 7 millions de personnes qui étaient déjà déplacées avant la chute d’Assad.
Pour répondre à ces besoins, le chef de l’humanitaire a annoncé l’allocation de huit millions de dollars supplémentaires par le Fonds central d’intervention d’urgence de l’ONU (CERF), qui est géré par l’OCHA, pour les opérations humanitaires en Syrie.
« Nous devons soutenir le peuple syrien à ce moment crucial et l’aider à saisir l’opportunité actuelle », a insisté le haut responsable.