
Alep, la deuxième ville de Syrie jusque-là contrôlée par Damas, est passée en grande partie, samedi, sous le contrôle des rebelles islamistes. Selon un dernier bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, plus de 320 personnes ont été tuées depuis mercredi. Cette offensive éclair porte un coup dur au pouvoir de Bachar al-Assad.
L’armée syrienne a déclaré, samedi 30 novembre, que les rebelles islamistes étaient entrés dans la ville d’Alep, et a recensé des dizaines de morts dans ses rangs, lors d’affrontements dans le nord-ouest de la Syrie, la forçant à se retirer de la deuxième ville du pays.
C’est la première fois que l’armée de Bachar al-Assad reconnaît que les rebelles du groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS) sont entrés dans la ville d’Alep, jusqu’ici contrôlée par le gouvernement syrien.
Des milliers de civils tentaient de fuir la ville à bord de leur véhicule, ont rapporté des habitants à Reuters. La plupart se dirigeaient vers Lattaquié et Salamyeh selon eux, alors que la principale autoroute entre Alep et Damas est fermée.
"Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et les factions rebelles alliées ont pris le contrôle de la majeure partie de la ville, des bâtiments gouvernementaux et des prisons", avait indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) en fin de matinée samedi.
L’armée syrienne a confirmé la présence de combattants antirégime dans de "larges parties" d’Alep. Des "organisations terroristes armées" ont lancé "une vaste attaque à partir de plusieurs axes sur les fronts d’Alep et d’Idleb" (nord-ouest), a-t-elle indiqué dans un communiqué, dans lequel elle fait état d’intenses batailles sur "plus de 100 kilomètres".
"Des dizaines d’hommes de nos forces armées ont été tués et d’autres blessés", poursuit le communiqué, affirmant que les combattants antirégime avaient pu "pénétrer dans de larges parties des quartiers de la ville d’Alep".
L’aéroport d’Alep sous le contrôle des rebelles (...)
La Défense civile syrienne, une ONG de protection civile présente dans les régions contrôlées par l’opposition, a déclaré sur X que le gouvernement syrien et des appareils d’aviation russes ont lancé des attaques aériennes sur des quartiers résidentiels, une station-service, et une école dans la région d’Idlib, aux mains des rebelles.
Ces frappes ont tué quatre civils et blessé six autres personnes.
Les rebelles islamistes et leurs alliés ont atteint la citadelle historique d’Alep, après que les forces du régime syrien se sont retirées "sans combat" au cours de cette dernière phase, avait rapporté un peu plus tôt dans la matinée, Rami Abdel Rahman, le directeur de l’ONG basée au Royaume-Uni et qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie.
Offensive éclair
Les rebelles islamistes étaient entrés, vendredi, à Alep après deux jours d’une offensive, qui met fin à des années de calme relatif dans le nord-ouest syrien.
Selon un dernier bilan de l’OSDH, 327 personnes ont été tuées depuis mercredi : 183 combattants du HTS et factions rebelles, 100 soldats syriens et membres des forces progouvernementales ainsi que 44 civils (...)
Les rebelles ont aussi pris le contrôle de la ville stratégique de Saraqeb, qui se situe au sud d’Alep, à l’intersection de deux autoroutes reliant Damas à Alep et à Lattaquié, selon l’ONG.
Vendredi, deux témoins ont indiqué à l’AFP avoir aperçu des hommes armés à Alep et fait état de scènes de panique dans la grande ville du Nord.
Un correspondant de l’AFP à Alep a relaté des affrontements entre les assaillants et les forces syriennes et des groupes les soutenant. (...)
Près de 70 localités aux mains des rebelles islamistes (...)
Discussions à Moscou face à l’escalade "dangereuse" de la situation
La Russie a annoncé samedi avoir évoqué lors d’entretiens séparés avec l’Iran et la Turquie les possibilités d’escalades de cette situation "dangereuse" en Syrie. La Russie et l’Iran sont les principaux alliés du régime de Bachar al-Assad, tandis que la Turquie est un soutien des factions rebelles.
Lors de l’appel téléphonique entre les chefs de la diplomatie russe et turque, Sergueï Lavrov et Hakan Fidan, "les deux parties ont exprimé leur vive inquiétude face à l’évolution dangereuse de la situation en Syrie, liée à l’escalade militaire dans les provinces d’Alep et d’Idleb", a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué. Ils ont exprimé "la nécessité de coordonner une action commune pour stabiliser la situation en Syrie". (...)
L’Iran a également affirmé samedi que des "éléments terroristes" avaient attaqué son consulat à Alep, ajoutant que le personnel était sain et sauf. Téhéran a appelé à une "coordination" avec Moscou pour faire face à cette offensive, et annoncé la visite dimanche à Damas de son chef de la diplomatie
Nécessité d’une "solution politique"
La France a appelé samedi "l’ensemble des parties à respecter le droit international humanitaire et à protéger les populations civiles" à Alep (...)
Selon le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), les violences ont déplacé "plus de 14 000 personnes, dont près de la moitié sont des enfants". (...)