
Un bombardement attribué aux Forces de soutien rapide (FSR) a touché jeudi 10 avril un camp de déplacés au Darfour, dans l’ouest du Soudan, causant la mort d’au moins 15 civils, selon une source médicale. Les combats font rage à proximité de la ville d’El-Facher, toujours aux mains de l’armée.
Les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), qui contrôlent la plus grande partie du Darfour et assiègent la ville, ont annoncé jeudi avoir pris le contrôle d’Um Kadadah, une ville située sur la route menant à El-Facher, distante d’environ 180 kilomètres.
Les FSR, en guerre contre l’armée depuis le 15 avril 2023, assiègent depuis mai 2024 El-Facher, une ville d’environ deux millions d’habitants et capitale de l’Etat du Darfour-Nord, qui est la seule capitale provinciale de cette région encore tenue par l’armée.
Le camp d’Abou Chouk, l’un des trois grands camps de déplacés proches d’Al-Facher, "a été bombardé par les FSR avec des canons de 120 mm et 82 mm", qui ont atteint l’intérieur du camp et un marché, "faisant plus de 15 morts et 25 blessés", a déclaré dans un communiqué un groupe de bénévoles.
Une source médicale a confirmé à l’AFP le bilan de 15 morts.
Mercredi, les FSR avaient bombardé El-Facher, faisant au moins 12 morts et 17 blessés parmi les civils, selon l’armée.
La guerre pour le contrôle du pouvoir a éclaté il y a deux ans entre l’armée, commandée par le général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du pays depuis un coup d’État en 2021, et son ancien adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo, à la tête des FSR.
Le conflit, qui a fait des dizaines de milliers de morts, déraciné plus de 12 millions d’habitants et provoqué une catastrophe humanitaire, a également déchiré le pays. (...)
Dernière position importante de l’armée dans la région, El-Facher revêt désormais un enjeu stratégique : si les FSR s’en emparent, elles contrôleront l’ensemble du Darfour, ce qui les placera en position de force. (...)
L’ONU estime qu’environ deux millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire extrême au Soudan et que 320 000 sont frappées par la famine.
Le Comité International de la Croix-Rouge a également averti jeudi que les deux tiers des Soudanais vivant dans les zones de guerre étaient à présent privés de soins médicaux en raison de la mise hors service de la majorité des établissements de santé.
L’armée comme les paramilitaires sont accusés d’avoir perpétré des crimes de guerre.
Jeudi, Amnesty international a déploré dans un rapport les souffrances infligées aux civils, notamment le recours généralisé aux violences sexuelles par les FSR, rapportant des cas d’esclaves sexuelles (...)
Le système de santé soudanais menace de s’effondrer (...)
Les établissements qui fonctionnent encore souffrent de pénuries sévères de médicaments, d’équipement et de personnel. En conséquence, "les mères accouchent sans assistance professionnelle, les enfants ne reçoivent pas les vaccins nécessaires et les personnes atteintes de maladies graves sont laissées sans traitement", ajoute le rapport.
"Le système de santé soudanais, déjà fragile avant le début du conflit, est en train de s’effondrer et des vies sont en jeu", souligne le CICR.
Les établissements de santé sont régulièrement victimes de "pillages" et "d’actes de vandalisme", tandis que le personnel médical et les patients subissent des "violences physiques".
Face à cette situation, les civils sont contraints "de parcourir de longues distances à la recherche de soins", ajoute le rapport (...)