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Solidarité internationale face à la suspension de l’Association tunisienne des femmes démocrates. Pétition
#Tunisie #democratie #femmes #ATFD #solidarites
Article mis en ligne le 1er novembre 2025

Le 24 octobre 2025, les autorités tunisiennes ont suspendu, pour un mois, l’activité de l’Association tunisienne des femmes démocrates. Une décision qui a déclenché une solidarité internationale en faveur de l’ATFD

Déclaration ouverte à signature jusqu’à la fin de la journée du lundi 3 novembre 2025.⬇️

Les autorités tunisiennes ont décidé de suspendre pour une durée d’un mois les activités de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), a annoncé le soir du vendredi 24 octobre 2025 sa secrétaire générale Hela Ben Salem. Les autorités justifient cette mesure par des « manquements » au décret-loi n°88 régissant les associations.

L’ATFD affirme pour sa part estimer que cette décision était « injustifiée et arbitraire ». Les militants de l’ATFD ont dénoncé une « décision politique » et une « grave atteinte au mouvement féministe ».

Fondée en 1989, l’ATFD est l’une des principales organisations féministes en Tunisie. Elle accueille chaque année plusieurs centaines de femmes victimes de violences à travers ses centres d’écoute et d’orientation implantés dans différentes régions du pays. (...)

En solidarité avec cette association féministe historique, plus de 300 femmes du monde entier viennent de signer une pétition de soutien en sa faveur.

Elles sont députées, universitaires, journalistes, avocates, académiciennes, militantes féministes et de défense des droits humains. Elles manifestent leur soutien à partir de l’Algérie, le Maroc, l’Égypte, le Liban, la Palestine, la France, l’Espagne, l’Italie, l’Argentine, les USA, la Turquie, le Vietnam, l’Afghanistan…. (...)

La pétition signée également par plusieurs centaines de femmes tunisiennes rappelle tous les combats de l’ATFD : développement du Code du Statut Personnel, dénonciation des violences et discriminations subies par les travailleuses agricoles, contribution à la levée des réserves à la Convention internationale pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), défense du principe de la parité électorale, contribution à la rédaction de la loi n° 58 de 2017 pour l’élimination des violences faites aux femmes, ouverture du débat sur l’égalité successorale. L’Association a également : « relié, constamment, la cause féministe aux luttes sociales et démocratiques —convaincue qu’il n’y a pas d’égalité sans liberté, ni de liberté sans démocratie », écrivent les Femmes démocrates dans leur pétition. Indignation en ligne après la suspension de l’Association tunisienne des femmes démocrates - Business News

« Certaines militent en son sein, d’autres portent le combat féministe dans de nouvelles organisations, de nouveaux mouvements et collectifs ou d’autres espaces : universitaire, culturel, artistique, professionnel...Certaines croient au combat de l’ATFD, d’autres pointent ses limites et sont ses farouches critiques ! Certaines reconnaissent son histoire, d’autres ne se retrouvent plus dans son présent ! Mais toutes, les 351, toutes sont solidaires avec l’ATFD et ses militantes. Elles se sont toutes indignées contre la décision arbitraire de la suspension ! », s’insurge sur sa page Facebook Yosra Frawes, ancienne présidente de l’ATFD, résidant aujourd’hui en France.
« Les idées ne se suspendent pas »

Dans d’autres publications Facebook, qui ont inondé le réseau social dès la soirée du 24 octobre, plusieurs militantes se sont désolées qu’à l’approche des 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre à l’égard des femmes et des filles, qui démarrent le 25 novembre, cette fermeture prive des centaines de femmes tunisiennes de l’accompagnement juridique, psychologique et social que l’association assurait.

« Mais les idées ne se suspendent pas, la mémoire ne se fige pas et la voix libre ne se tait pas. Ils suspendent l’activité ; ils ne suspendront ni notre appartenance à cet édifice, ni notre foi dans ce rêve qui nous fait vivre autant que nous le faisons vivre. Nous, féministes démocrates, solidaires et résilientes, poursuivons notre combat et ne suspendons pas nos espérances en une Tunisie de liberté, de démocratie, de justice et d’égalité », écrivent encore les Femmes démocrates dans leur pétition.

Parmi les ONG tunisiennes, qui ont manifesté leur soutien total avec l’ATFD, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), qui partage avec l’association féministe son engagement pour la défense des droits et des libertés en Tunisie. Mais voilà que le 27 octobre, trois jours après la décision qui s’est abattue sur l’ATFD, le Forum a vu, à son tour, ses activités suspendues par les autorités.

Lire aussi :

 (LADDH)
Tunisie – Pétition massive contre la diabolisation de l’ATFD

« Ici Tunis

Ici les femmes démocrates

Le 24 octobre 2025, les autorités tunisiennes ont suspendu, pour un mois, l’activité de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), sous prétexte d’irrégularités administratives conformément au Décret n° 88. Cette décision n’est en réalité qu’une tentative de faire taire une voix qui, depuis des décennies, incarne la liberté, l’égalité et la justice — la voix de générations de femmes qui ont refusé la soumission, le silence et la marginalisation.

Depuis 1982, avant même sa création officielle, l’ATFD a occupé l’espace public : ses militantes se sont élevées contre l’agression de Sabra et Chatila, leurs voix ont retenti dans les tribunaux pour refuser la peine de mort infligée aux jeunes des quartiers populaires. Leurs luttes se sont alliées aux luttes ouvrières : ses pionnières ont fondé le Comité des femmes au sein de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) et le Comité des femmes au sein de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (UGTT). Depuis, la diffusion de la pensée féministe et la défense des droits et libertés des femmes n’ont jamais cessé : dans les commissariats, sur les lits d’hôpitaux, dans les ateliers de pensée libre et de débat, dans les lycées et universités, les champs et les fermes, sur les pages des journaux, dans les livres, les études et les médias, dans les manifestations et dans les rues, au cœur du mouvement du bassin minier et d’une révolution qu’aucune injustice n’effacera.

L’ATFD a été et demeure au cœur de toutes les batailles féministes et des droits en Tunisie. Elle a milité pour le développement du Code du Statut Personnel ; dénoncé les violences et discriminations subies par les travailleuses agricoles ; œuvré à la levée des réserves à la Convention internationale pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) ; défendu le principe de la parité électorale ; contribué à la rédaction de la loi n° 58 de 2017 pour l’élimination des violences faites aux femmes ; ouvert courageusement le débat sur l’égalité successorale ; libéré la parole des femmes face aux violences, au harcèlement et aux discriminations ; défendu les droits sexuels et reproductifs ; lutté pour l’adoption, en 2021, de la loi protégeant les travailleuses et travailleurs domestiques ; et relié, constamment, la cause féministe aux luttes sociales et démocratiques — convaincue qu’il n’y a pas d’égalité sans liberté, ni de liberté sans démocratie.

Mais le pouvoir de Kaïs Saïed poursuit le ciblage des femmes démocrates. Il ne lui a pas suffi que son ex‑présidente, Bochra Belhaj Hmida, soit contrainte à l’exil et poursuivie sur la base d’accusations fallacieuses, avec une peine dépassant trente ans de prison ; ni que des militantes aient été terrorisées et que beaucoup aient dû s’exiler, ni que des pages haineuses diabolisent l’ATFD et l’accusent des pires forfaits ; ni qu’un dossier administratif demeure ouvert à la Présidence du gouvernement qui, conduite par une femme, n’a mobilisé aucun effort pour soutenir les droits des femmes ou les protéger des meurtres, des violences et de la précarisation, consacrant au contraire ses efforts à restreindre l’un des rares espaces de sécurité où elles se réfugient. Rien d’étonnant de la part d’un pouvoir qui a jeté en prison des femmes — responsables politiques, journalistes, syndicalistes, élues locales, militantes antiracistes et défenseures des droits.

Est‑ce suffisant pour suspendre la lutte ou geler la résistance ? La flamme de la liberté, de l’égalité et de la dignité peut‑elle s’éteindre ?

L’Association tunisienne des femmes démocrates n’est ni des murs que l’on ferme, ni un dossier que l’on suspend. Elle est l’esprit du volontariat et de la lutte contre toutes les formes de domination et d’injustice — patriarcale, capitaliste, coloniale ou autoritaire. École du féminisme, elle a formé des générations de militantes ; pont de solidarité arabe et internationale, elle a fait de la Tunisie un phare du mouvement féministe indépendant. Fermer ses portes n’accomplira pas les desseins du pouvoir ni n’éteindra sa voix : l’ATFD vit dans chaque femme qui a dit « non », dans chaque survivante qui y a trouvé sécurité et soutien, dans chaque jeune qui poursuit la route de la liberté malgré la répression et la peur.

Ne nous trompons pas de cible : la suspension de l’ATFD est une décision éminemment politique, qui affecte directement la vie des femmes et prive des centaines d’entre elles de l’accompagnement juridique, psychologique et social que l’association assurait. C’est une atteinte à notre droit à toutes et tous à l’association, à l’expression et à la dignité humaine. Mais les idées ne se suspendent pas, la mémoire ne se fige pas et la voix libre ne se tait pas. Ils suspendent l’activité ; ils ne suspendront ni notre appartenance à cet édifice, ni notre foi dans ce rêve qui nous fait vivre autant que nous le faisons vivre. Nous, féministes démocrates, solidaires et résilientes, poursuivons notre combat et ne suspendons pas nos espérances en une Tunisie de liberté, de démocratie, de justice et d’égalité.

Ici Tunis, ici, son cœur battant et sa lutte qui ne se suspend pas : ici, les femmes démocrates. »

Signez la déclaration de solidarité | La Tunisie suspend l’ATFD : les féministes répondent, “On ne peut pas suspendre nos idées et notre mémoire.”

Déclaration ouverte à signature jusqu’à la fin de la journée du lundi 3 novembre 2025.