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Serbie : un immense mouvement social entraîne la démission du Premier Ministre
#Serbie #manifestations
Article mis en ligne le 1er février 2025
dernière modification le 31 janvier 2025

« Ma décision irrévocable est de démissionner du poste de premier ministre » : ce sont les mots de Milos Vucevic, mardi 28 janvier. L’homme fort du gouvernement, bras droit du président, a été poussé vers la sortie par la mobilisation massive et sans précédent de dizaines de milliers de serbes.

Tout a commencé le 1er novembre dernier. Ce soir là, à Novi Sad, la deuxième plus grande ville du pays, un auvent en béton devant la gare s’effondre sur les personnes qui se trouvaient en dessous. 15 personnes sont tuées. Pourtant, officiellement, les autorités venaient de faire rénover la gare par des entreprises chinoise, française et hongroise.

Ce drame déclenche une vague de colère qui couvait depuis longtemps contre la corruption des dirigeants. Le Premier Ministre, Milos Vucecic, était justement maire de la ville jusqu’en 2022, et c’est sous son mandat qu’avaient commencé les travaux de rénovation de la gare qui ont, a minima, été très mal réalisés.

À la tête du pays depuis plus de 10 ans : le Parti progressiste serbe, qui n’a de progressiste que le nom. Il s’agit d’un grand parti de droite, autoritaire et corrompu. Il a été fondé par des ultra-nationalistes, dont certains sont accusés de crimes durant la guerre en ex-Yougoslavie. Le président actuel, Aleksandar Vučić, avait déclaré en 1995 : « Si vous tuez un Serbe, nous allons (tuer) cent musulmans ». C’était quelques jours après le massacre de Srebrenica, où 8.000 musulman-es avaient été massacré-es par les forces serbes bosniennes.

Aleksandar Vučić a été réélu président en 2022, dès le premier tour, sur fond de fraudes électorales et de pratiques clientélistes. Le parti au pouvoir est également accusé de liens avec la mafia, et ses méthodes ont tout du banditisme. (...)

Ces derniers jours, la situation s’est accélérée. Le 27 janvier, le mouvement a bloqué pour vingt-quatre heures un important nœud routier de Belgrade. Des dizaines d’agriculteurs sont arrivés en renfort pour protéger les étudiant-es en garant leurs tracteurs autour du rassemblement. Le blocage a aussi été protégé par des clubs de motards serbes. (...)

Le même jour, plus d’une dizaine de responsables ont été inculpées dans le cadre de l’enquête sur la gare de Novi Sad, dont l’ancien ministre des transports, Goran Vesic. Le 28 janvier 2025 donc, le Premier Ministre serbe démissionnait.

Pourquoi un mouvement aussi puissant en Europe est-il si peu connu ? Pourquoi les médias français en parlent aussi peu ? Car le régime corrompu et réactionnaire de Belgrade est européiste, il est considéré comme étant dans le camp des gentils de la géopolitique mondiale. Il n’est donc pas dénoncé comme l’a été dernièrement, à juste titre, celui qui gouverne en Géorgie est qui est pro-Russe.

Le départ de Milos Vucevic risque d’entraîner à nouveau, des élections législatives anticipées. La Serbie, en plein soulèvement, entre dans une zone d’incertitude et d’espoirs.