
Un rapport de la Cour des comptes critique les politiques qui démantèlent l’Office national des forêts. Il recommande d’augmenter les financements et la masse salariale, et de soigner la biodiversité.
Les défenseurs des forêts peuvent désormais s’appuyer sur un rapport de la Cour des comptes. Cette dernière a rendu jeudi 19 septembre un rapport sur l’Office national des forêts (ONF) où elle pointe la nécessité de mettre fin à la baisse des effectifs qui frappe l’établissement public depuis plus de vingt ans.
Le service public qui gère un quart des forêts françaises et met sur le marché 40 % des volumes de bois produits en France est en proie à de multiples défis. Les effets du réchauffement climatique qui, avec les sécheresses, les incendies et les attaques parasitaires, malmènent les massifs, tandis que la « privatisation rampante » de l’établissement public fragilise ses moyens d’action et ses capacités de riposte.
C’est le constat que dresse, en creux, la juridiction. (...)
Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, en 2017, 1 000 postes ont été supprimés. Et la part des fonctionnaires a été considérablement réduite au profit des contractuels. Au total, en vingt ans, le personnel de l’ONF est passé de 12 500 à 8 000 salariés. Soit une réduction de 40 %. (...)
Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, en 2017, 1 000 postes ont été supprimés. Et la part des fonctionnaires a été considérablement réduite au profit des contractuels. Au total, en vingt ans, le personnel de l’ONF est passé de 12 500 à 8 000 salariés. Soit une réduction de 40 %. (...)
Face au réchauffement climatique, cette érosion n’est plus possible, acte la Cour des comptes. (...)
Au cours des dernières années, les réductions d’emploi auraient d’abord ciblé « les fonctions support » puis se seraient étendues aux effectifs d’ouvriers forestiers. Un choix très dommageable compte tenu que « l’établissement a désormais de plus en plus besoin d’eux pour répondre aux travaux sylvicoles de renouvellement des forêts publiques », analyse Catherine Perin. (...)
La Cour des comptes s’attend à un chantier considérable dans les années à venir. Elle rappelle que 25 000 hectares de forêt domaniale et autant de forêts des collectivités ont été détruits entre 2018 et 2021. Elle prévoit qu’à l’horizon 2050, l’effort de reconstitution des peuplements des forêts domaniales dépérissant ou susceptibles de le devenir concernera 21 000 ha par an contre 12 000 actuellement, et que le coût du reboisement pourrait exploser. (...)
« En l’état de ses capacités financières, l’établissement ne pourra pas répondre seul aux enjeux de la transition écologique, notamment ceux liés au changement climatique », estime la Cour des comptes. (...)
Une « prise de conscience » au sein de l’État
Dans le contexte d’austérité, la Cour des comptes marche sur un fil. « Les moyens de l’État sont sous tension, la situation n’est pas des plus propices à des augmentations importantes d’effectifs », a reconnu le président de la juridiction, Pierre Moscovici, lors d’une conférence de presse. Il n’en reste pas moins que la Cour des comptes recommande à l’État de « mieux hiérarchiser ses priorités » et pointe « les injonctions contradictoires » auxquelles fait face l’ONF : « Accroître le volume de bois à vendre, améliorer la régénération forestière ou augmenter la captation carbone de la forêt sont des objectifs qui ne vont pas forcément dans le même sens. » (...)
Depuis deux ans, et à la suite d’une lutte considérable lors de l’examen des précédentes lois de finance, les syndicalistes de l’ONF ont réussi à geler les objectifs de réduction des effectifs. Même si l’usage de l’article 49.3 avait balayé les amendements qui demandaient une augmentation de la masse salariale, les syndicalistes avaient pu négocier avec le ministère l’annulation du schéma d’emploi 2023 et 2024 qui prévoyait une baisse de 95 équivalents temps plein (ETP) par an.
Combat à l’Assemblée nationale
Pour Bruno Doucet, de l’association Canopée, le combat à l’Assemblée nationale, lors de l’examen du budget ces prochaines semaines, va être décisif. Une majorité parlementaire pourrait se dessiner pour augmenter les effectifs et de nombreux amendements ont été envoyés dans ce sens. « Le rapport confirme nos constats. C’est une arme de plus pour convaincre les députés. »
Quant à l’argument de l’austérité, le salarié de l’association environnementale le balaye d’un revers de main. « L’État a mis 250 millions d’euros par an pour pérenniser le plan de renouvellement forestier qui a contribué à subventionner massivement des coupes rases. 39 % des projets financés ont rasé des forêts saines, rappelle-t-il, au profit de plantations monospécifiques ». Une aberration écologique.