C’est une route migratoire vers l’Espagne plus confidentielle que les Canaries, mais de plus en plus empruntée. Depuis plusieurs mois, chaque jour ou presque des "pateras" - du nom espagnol des petits bateaux à moteur utilisés sur cette voie – débarquent sur les plages des îles Baléares, à l’est de l’Espagne. Vendredi 25 octobre, 99 personnes réparties dans sept embarcations ont débarqué en une journée dans l’archipel. Le lendemain, 17 migrants ont de nouveau été secourus près de Majorque.
Début septembre aussi, plus de 580 personnes sont arrivées à bord de 30 embarcations en seulement trois jours. Parmi ces arrivées, plus de 100 migrants sont notamment arrivés sur un même bateau. Parmi eux se trouvaient deux femmes et un bébé.
(...) La semaine dernière, la présidente du gouvernement des Baléares, Marga Prohens, a appelé le Premier ministre Pedro Sánchez à "mettre fin à la crise migratoire". Pour elle, "il y a eu une augmentation des arrivées de bateaux en provenance des côtes algériennes, et la route migratoire entre l’Algérie et les Îles s’est consolidée" depuis la dégradation des relations diplomatiques entre Alger et Madrid.
En soutenant le plan d’autonomie marocain sur la région du Sahara occidental en mars 2022, Madrid a contrarié son partenaire algérien et provoqué la rupture des relations entre les deux pays. Dans la foulée, les autorités algériennes avait même suspendu le traité d’amitié signé avec l’Espagne en 2002. (...)
En attendant un véritable dégel, les "harragas" (ce terme qui signifie "brûleurs de frontières" en français désigne les migrants marocains et algériens) eux, continuent de prendre la mer. Aux côtés parfois de quelques passagers marocains, syriens ou subsahariens, ces migrants embarquent dans de petits bateaux en fibre de verre depuis Alger, Oran, Mostaganem ou Tipaza. Coût de la traversée ? Entre 2 000 et 4 000 euros, voire davantage en fonction de la puissance de l’embarcation. (...)
"Ici, même les jeunes avec un diplôme ne trouvent pas de travail, et ils s’ennuient", avait confié à InfoMigrants Kenza, dont le frère originaire de Tizi Ouzou a disparu en mer. "Hamza disait que la vie en Algérie, c’était fatigant. Alors quand il est entré à l’université de sociologie, il a rapidement fait des demandes de visa étudiant. À chaque fois, elles ont été refusées". (...)