
Les autorités italiennes ont immobilisé samedi le navire allemand Humanity 1 au port de Crotone. Rome reproche au bateau humanitaire d’avoir secouru 46 migrants au large des côtes libyennes, sans respecter ses instructions, et d’avoir mis en danger la vie des naufragés. Les exilés se trouvaient dans l’eau au moment de l’arrivée du Humanity 1, alors que les Libyens tentaient d’intercepter le canot. (...)
Cette immobilisation est rendue possible par le décret Piantedosi, du nom du ministre de l’Intérieur italien, validé en décembre 2022. Le texte oblige les ONG à se rendre "sans délai" au port de débarquement assigné par Rome juste après une première opération de secours en mer. Si la loi actuelle autorise toujours les humanitaires à conduire un autre sauvetage sur la route du retour en direction de l’Italie, celle-ci ne peut s’effectuer que sur ordre ou accord de Rome. (...)
"Je suis choqué par les mensonges"
Mais l’équipage réfute ces accusations et dénonce "une série de mensonges éhontés" et annonce une action en justice. Que s’est-il passé en Méditerranée jeudi ? Retour sur les évènements.
Après un premier sauvetage de 90 personnes dans la matinée, le Humanity 1 procède à une seconde opération quelques heures plus tard. Lorsque les humanitaires arrivent sur zone, 46 migrants se trouvent à l’eau, sans gilet de sauvetage. Les exilés venaient d’être interceptés par les garde-côtes libyens, et tentaient de leur échapper. Dans l’urgence, le navire a porté assistance aux naufragés et les ont pris en charge à bord. (...)
Selon Rome, les migrants se sont jetés à l’eau à la vue du navire humanitaire, alors que les autorités lui avaient ordonné de quitter la zone et de laisser les Libyens gérer la situation. Une affirmation que contredit formellement le Humanity 1.
"Je suis choqué par les mensonges contenus dans le rapport d’arrestation", explique Joachim, capitaine de bateau. "Je n’ai reçu aucune instruction du patrouilleur libyen. Au contraire, j’ai essayé de contacter à la fois le centre de coordination des secours libyen par e-mail et par téléphone et le patrouilleur libyen par radio, sans recevoir de réponse. Cela ressort également des échanges radio et électroniques entièrement documentés", assure-t-il.
Plus de 2 200 morts en Méditerranée centrale cette année (...)