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Mediapart
Restes humains dans des musées : l’outre-mer réclame ses morts de l’époque coloniale
#musees #outremer #memoire
Article mis en ligne le 27 avril 2025

La restitution des restes humains conservés dans les collections publiques des musées est encadrée par une loi pour les demandes des pays étrangers, mais l’État argue d’un vide juridique pour répondre aux revendications de la Guyane et de La Réunion.

Les crânes du roi Toera et de deux guerriers sakalaves tués en 1897 et en 1898, lors de la conquête de Madagascar par la France, devraient retrouver la terre de leurs ancêtres au mois d’août. Cette restitution sera l’aboutissement d’un long processus, entamé en 2003. En voyage officiel dans la grande île de l’océan Indien le 23 avril, le président Emmanuel Macron devait initialement participer à une cérémonie célébrant ce retour et « l’apaisement des mémoires » qu’il permet.

Mais cette paix retrouvée semble réservée pour le moment aux seuls pays étrangers. « Le peuple réunionnais a besoin de retrouver de la fierté », affirme Ghislaine Mithra-Bessière, présidente de l’association Rasine Kaf, signataire avec une quarantaine d’autres associations réunionnaises d’un appel à la restitution de crânes d’esclaves réunionnais « collectionnés » au musée de l’Homme de Paris. (...)

« Plusieurs têtes et bustes moulés d’esclavisé·es ont été pris en 1840 à l’hôpital colonial de Saint-Denis de Bourbon, et ont été acquis plusieurs décennies après, sous forme de crânes et de moulages, par le Muséum d’histoire naturelle de Paris. Aujourd’hui conservés dans les réserves du musée de l’Homme de Paris, ces crânes et ces bustes d’esclavisé·es de La Réunion ont été classés dans diverses collections de restes humains, en référence aux origines supposées ou réelles de ces personnes, tantôt rattachées à Madagascar, tantôt au Mozambique, de sorte que leur provenance ultramarine était en partie passée inaperçue », jusqu’à la révélation de leur existence par le média réunionnais Parallèle Sud, explique Klara Boyer-Rossol, spécialiste des traites et des esclavages dans l’océan Indien occidental et chercheuse au Bonn Center for Dependency and Slavery Studies (BCDSS), à l’université de Bonn, et affiliée au Centre international de recherche sur les esclavages et post-esclavages (Ciresc). (...)