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Réseau X : comment les géants américains du pétrole, du plastique et des pesticides utilisent leurs tweets pour retarder l’action climatique
#X #urgenceclimatique #energiesfossiles #hydrocarbures #petrochimie
Article mis en ligne le 27 janvier 2025
dernière modification le 25 janvier 2025

Entre 2008 et 2023, les industriels américains des énergies fossiles, du plastique et de l’agrochimie, tous liés aux hydrocarbures, se sont coordonnés sur le réseau social pour nier le réchauffement et retarder les politiques permettant d’y remédier, selon une étude publiée dans la revue « PLOS Climate » qui passe au crible plus de 125 000 messages.

ces trois secteurs dépendent de l’extraction et l’utilisation d’hydrocarbures (pétrole, gaz et charbon), lesquels émettent les gaz à effet de serre à l’origine du bouleversement climatique en cours. Telle est la conclusion d’une étude récemment publiée dans la revue scientifique PLOS Climate, qui a analysé la communication stratégique sur X (anciennement Twitter), entre 2008 et 2023, des deux plus grandes entreprises (en termes de quantité de production) et de la principale association professionnelle dans chacun de ces trois secteurs des hydrocarbures aux Etats-Unis. (...)

malgré « la reconnaissance des effets dévastateurs de l’énergie fossile sur le climat, de ses conséquences sur la santé humaine et de la destruction écologique qu’elle entraîne », les entreprises du secteur des combustibles fossiles ont « investi dans l’enracinement de la production de pétrole et de gaz en allant au-delà de l’énergie et en augmentant les utilisations finales non énergétiques des produits pétroliers, notamment les plastiques et les produits agrochimiques ». Autrement dit, les sociétés pétrolières et gazières voient les plastiques comme un « plan B » pour leur industrie, alors que les Etats tentent de favoriser une transition vers une énergie et un transport propres. Et le secteur agricole est fortement dépendant des combustibles fossiles pour tout, des engrais aux pesticides. (...)

l’analyse de 125 340 tweets de 2008 à 2023 de ces entreprises et associations « montre que les sociétés de dérivés pétrochimiques et de carburants sont étroitement liées, qu’elles interagissent fréquemment entre elles et avec les décideurs politiques sur les réseaux sociaux, et que bon nombre des messages qu’elles partagent et renforcent pourraient être classés comme des obstacles à l’action en faveur du climat », écrivent les chercheurs.

Quand ils ne nient pas carrément la réalité du changement climatique ou la responsabilité de l’humanité dans celui-ci, les messages « ne reconnaissent pas le rôle des hydrocarbures fossiles dans les émissions et la pollution », remarque notamment l’étude. « Au contraire, beaucoup présentent l’industrie des hydrocarbures comme une partie de la solution aux émissions et à la pollution, ou détournent l’attention de la principale source de ces problèmes. » (...)

Fausses solutions

Par ailleurs, l’industrie des énergies fossiles propose des approches qui ne s’attaquent pas à la crise climatique à grande échelle. Par exemple, illustre l’étude, « mettre l’accent sur le recyclage détourne les efforts de réduction de la production de plastique et des émissions associées vers une approche à court terme qui prolonge la production de plastique ». (...)

« La capture du carbone est un autre exemple d’une prétendue « solution » soutenue par le secteur des énergies fossiles pour détourner l’attention de la nécessité urgente de s’éloigner des combustibles fossiles », insistent aussi les chercheurs. (...)

L’étude remarque par ailleurs qu’un thème notable a été constamment présent : les tweets sur le poids prétendument insupportable des contraintes réglementaires. Ou encore que les industriels s’emploient à renvoyer la responsabilité d’une quelconque action sur les individus ou sur d’autres pays comme la Chine. In fine, soulignent les auteurs, leur travail « contribue à une littérature croissante qui révèle la coordination et la coopération entre les intérêts des combustibles fossiles à travers le monde ». Et de conclure que « davantage de recherches sont nécessaires pour répondre efficacement au pouvoir et à l’influence des industries pétrochimiques et à leurs efforts d’obstruction du climat ».