
Les "déguerpissements" – des mouvements d’expulsion et de destruction de logements précaires – ont repris le 13 septembre dans le quartier de Yopougon, situé dans le nord d’Abidjan, en Côte d’Ivoire. Les habitants dénoncent le manque d’information et le fait que l’opération a eu lieu la semaine de la rentrée, compromettant la scolarité des enfants.
Dans ce quartier de Yopougon, commune du nord d’Abidjan en Côte d’Ivoire, la terre donne l’impression d’avoir tremblé. Depuis le 13 septembre, les vidéos transmises à la rédaction des Observateurs par des habitants du quartier Gesco Pays-Bas montrent des personnes qui errent dans les décombres de leurs logements. Au milieu des débris, une pelleteuse éventre ce qui peut encore l’être.
Pourtant, les habitants se disent surpris par ces expulsions. Le festival Gesco Ma Cité, soutenu par les autorités locales et qui devait se tenir début septembre, a été contraint d’annuler en raison de l’opération. (...)
Les déguerpissements ont commencé à partir du mois de février, mais ils s’étaient arrêtés pendant les vacances. Quand les bulldozers sont revenus, au mois d’août, ils ont dit que c’était pour ramasser les débris.
À vrai dire, on était inquiets. Normalement, ils devaient rester dans une bande de 50 mètres le long de l’autoroute, mais on les voyait avancer. Ils ont dépassé les limites qu’ils avaient données au début.
À notre grande surprise, mercredi 11 septembre, ils sont venus avertir les locataires qu’ils devaient déguerpir, ils n’ont pas donné de papiers administratifs. Et le vendredi, ils ont cassé. Aujourd’hui, ils continuent à casser tout le quartier.
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Actuellement, on dort dehors, on n’a pas d’endroit où aller depuis ce vendredi, personne pour nous aider.
J’ai des enfants. Ils n’ont pas fait leur rentrée. Ils ne peuvent pas aller à l’école, parce qu’on n’a pas de toit pour dormir. Qu’est-ce qu’ils vont aller faire à l’école, si on n’a pas de toit ?
L’école a été épargnée, mais ils ont déguerpi toutes les maisons à côté. Tout le monde est dans la même situation. Mes enfants, s’ils sont obligés, feront une année blanche parce que je n’ai pas de toit où aller.
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En mars, la ministre de la Cohésion nationale, de la Solidarité et de la Lutte contre la pauvreté, Belmonde Dogo, avait annoncé des mesures de relogement pour ces habitants. Pour l’activiste, elles sont insuffisantes. (...)
"On a l’impression que le gouvernement est en guerre contre une partie de la population" (...)