
Dans la forêt à Tsoundzou 2, au sud de Mamoudzou, le chef-lieu de Mayotte, quelque 400 migrants africains vivent dans un camp de fortune. Ils sont principalement originaires de RDC, de Somalie ou encore du Rwanda.
Depuis fin février, des centaines de migrants vivent dans un camp dissimulé dans la forêt près de Tsoundzou 2, à Mayotte. Ils sont "quelque 400 personnes", indique une source locale à InfoMigrants.
Certains vivent dans des tentes fournies par des organisations humanitaires, d’autres sont abrités sous des cabanes faites de branches et de bâches. Les conditions de vie sont rudimentaires dans ce campement. "Il n’y a pas de toilettes, de médicaments ou de nourriture en quantité suffisante", raconte un exilé à Mayotte la 1ere.
La sécurité est, elle aussi, préoccupante. Des tensions peuvent éclater à cause des conditions de vie et du manque de ressources. Les exilés sont aussi victimes de violences et rackets
Ici, la quasi-totalité des migrants présents sont originaires d’Afrique des Grands Lacs (République démocratique du Congo, Rwanda, Burundi) et d’Afrique de l’Est (Somalie). On retrouve notamment des primo-arrivants "n’ayant pas pu déposer de demande d’asile à cause du blocage de la préfecture" - le collectif des citoyens de Mayotte 2018 a bloqué pendant plusieurs semaines le bureau des étrangers de la préfecture de Mayotte, mouvement qui a pris fin lundi 19 mai.
Dans le camp de Tsoundzou 2, on compte aussi des demandeurs d’asiles sans solution d’hébergement et des déboutés du droit d’asile, tout comme des personnes ayant obtenu le statut de réfugié mais "qui ne parviennent pas à quitter le territoire et qui restent dans des situations de précarité, parfois sans hébergement", ajoute cette source.
Ces exilés sont ballottés de lieux de vie en lieux de vie depuis le passage du cyclone Chido. Fin décembre, les migrants avaient trouvé refuge dans les collèges de Kwalé et Bamana, transformés en centre d’hébergement d’urgence. Ils en ont été évacués en janvier pour permettre la rentrée scolaire.
Ils avaient ensuite établi un premier camp à Tsoundzou, en face du centre d’hébergement de l’association Coallia. C’est suite à l’évacuation de ce dernier camp mi-février - qui avait permis la mise à l’abri d’une centaine de personnes - qu’ils ont pris place dans la forêt où ils se trouvent aujourd’hui. À l’époque, 180 personnes étaient présentes, selon l’arrêté d’expulsion de la préfecture.
"L’offre actuelle en place d’hébergement ne suffit pas"
Cette situation met en lumière la saturation du secteur de l’hébergement. Sur l’île, tous les dispositifs, du 115 aux lieux pour demandeurs d’asile en passant par l’hébergement d’urgence, sont "saturés et suroccupés depuis de longs mois", faute de nouvelles places et de financements.
Et le passage du cyclone Chido, le 14 décembre dernier, n’a fait qu’aggraver la situation en endommageant "30 à 40% du parc d’hébergement". Pour autant, la consigne est de "garder tout le monde à l’abri, dans des logements dont certains sont très dégradés", précise une source proche du dossier à InfoMigrants. "Et nous sommes sollicités pour ouvrir des places complémentaires, en lien notamment avec le camp de Tsoundzou", ajoute-t-elle, évoquant une "situation très tendue".
De son côté, la préfecture de Mayotte pousse les murs. Elle a réquisitionné "du 24 février au 23 août 2025" le village relais de Coallia, un lieu d’hébergement et d’insertion où sont notamment logés des demandeurs d’asile et des réfugiés. (...)
D’après les chiffres de 2023 de Solidarité Mayotte, l’organisme en charge de l’asile sur l’île, "les ressortissants africains du continent représentent la majorité des demandes d’asile”. (...)
L’immigration d’Afrique continentale reste toutefois extrêmement minoritaire par rapport à celle venant des Comores, dont le nombre exact est inconnu. (...)