
En France, plus de 2 000 enfants vivent à la rue. L’État a pourtant la charge d’assurer à toute personne sans-abri et vulnérable un hébergement d’urgence. À Paris, un avocat passe ses semaines à défendre devant la justice des familles avec enfant à la rue. Parmi les cas les plus courants de Maître Samy Djemaoun : des familles demandeuses d’asile. Le temps de la procédure, l’OFII, l’Office français de l’immigration et de l’intégration, est pourtant censé leur fournir un logement. Mais faut-il encore que ces familles connaissent leurs droits ?
Dans une petite salle d’audience mal éclairée, Samy Djemaoun donne ses derniers conseils à ses clients. Les parents de la petite Kadija viennent du nord de la Côte d’Ivoire.
"J’ai demandé l’asile avec l’enfant, parce que moi, j’ai été excisée. Je ne veux pas que ma fille vive la même douleur que j’ai subie". En échangeant avec une amie, ils découvrent qu’ils ont le droit de rester : "Elle m’a dit : non, tu as le droit puisque vous avez un enfant malade, et elle a une pathologie très grave, la drépanocytose".
Un avocat qui gagne presque huit fois sur dix
Cette amie leur conseille d’appeler Maître Djemaoun. Dix jours après, ils se retrouvent au tribunal. En moins de trois ans, Samy Djemaoun, leur avocat, a saisi près de 80 fois la justice pour contraindre l’OFII, l’Office français de l’immigration et de l’intégration, à loger des familles à la rue.
L’avocat a gagné près de 70 fois. (...)
Trois jours après la condamnation de l’OFII, la famille obtient les clefs d’un logement. Impossible de savoir combien d’autres sont à la rue, faute d’information sur leurs droits. Pour l’avocat, l’administration compte là-dessus. (...)
L’OFII, contacté par téléphone, affirme que le couple avait signalé être hébergé de façon précaire chez un ami, raison pour laquelle aucune proposition ne lui a été faite. Son directeur, Didier Leschi, assure qu’un signalement de la part de la famille aurait suffi à son hébergement.