
« L’expérience consciente est un phénomène répandu. Elle survient à de nombreux degrés dans la vie animale. Le fait même qu’un organisme possède une expérience consciente montre que cela fait un certain effet d’être cet organisme. Nous pouvons appeler cela “caractère subjectif de l’expérience”. Il n’est saisi par aucune des analyses habituelles réductrices du mental. Il ne sert à rien de fonder la défense du matérialisme sur une analyse des phénomènes mentaux, qui ne réussit pas à prendre en compte leur caractère subjectif.
La raison de cet échec est que le phénomène subjectif est relié essentiellement à un point de vue unique, et qu’il paraît inévitable qu’une théorie objective, physique, abandonne ce point de vue subjectif. Cette réflexion sur les chauve-souris s’inscrit dans le cadre de mes réflexions sur le problème du corps et de l’esprit et elle doit aider à trouver une nouvelle façon de le poser. »
Paru en 1974, cet essai est devenu un classique aussi bien de la philosophie que de la psychologie et des neurosciences. (...)
Et l’éthique doit aussi tenir compte de cette sensibilité animale, qui oscille entre plaisir et douleur. En généralisant, Nagel s’interroge alors sur notre compréhension de l’univers, entre perspective scientifique et perspective subjective. (...)