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Protégez-nous ! Le cri d’alarme des correspondant·es à l’étranger
#Israel #Hamas #Palestine #journalistes
Article mis en ligne le 24 octobre 2023

« Ces bouts d’histoires venues de tous les continents, le fruit de notre travail, nous les recueillons parfois au péril de nos vies. » Alors que se sont ouverts les Etats généraux de l’information ce 3 octobre, un large ensemble de journalistes correspondant·es à l’étranger interpellent les pouvoirs publics sur la détérioration de nos conditions de travail. « Notre travail rigoureux au plus proche du terrain vous permet de savoir ce qu’il se passe à l’autre bout du monde. Nous demandons de ne pas avoir peur de tomber malades lorsque nous travaillons. »

(...) Monsieur le Président Emmanuel Macron, donnez-nous les moyens de continuer à exercer notre métier !

Le premier direct après le tremblement de terre au Maroc ? C’est nous. Le coup d’Etat au Niger, la démission du président de la Fédération espagnole de football, le procès de Donald Trump ? C’est encore nous.

Les images de paysages insolites ; le son de l’espagnol, du peul, de l’arabe, de l’hindi ou du mandarin au bout du micro ; les enquêtes de fond qui nécessitent un travail de longue haleine… Toute cette matière qui alimente vos réseaux sociaux et vos chaînes favorites tout au long de l’année, c’est le fruit de notre travail. Ces bouts d’histoires venues de tous les continents, nous les recueillons parfois au péril de nos vies. Notre travail alimente les JT et remplit les pages internationales des médias. (...)

Les conséquences sont dramatiques. C’est cette journaliste en Ukraine, victime de stress post-traumatique, qui doit renoncer à un arrêt maladie pour ne pas se faire radier par la sécurité sociale. C’est cette journaliste qui n’a pas pu bénéficier du congé maternité et qui n’a touché aucun revenu pendant 5 mois. C’est aussi cette journaliste qui travaille pour un média public, mais rattachée à une boîte de production basée en Côte d’Ivoire avec un contrat de droit mauricien.

Le Président Emmanuel Macron a appelé les journalistes à l’étranger à porter la voix de la France. Permettez-nous, Monsieur le Président, d’émettre des réserves sur la formule et de réaffirmer notre indépendance. Mais il est toujours temps de vous pencher sur nos conditions de travail.

Aujourd’hui, nous interpellons les autorités françaises, les législateurs et les médias qui nous emploient : nous exigeons d’avoir accès, comme nos autres collègues journalistes, à une couverture santé, à une retraite, à des allocations chômage. Nous avons le droit de ne pas avoir peur de tomber malades lorsque nous travaillons. Notre travail rigoureux au plus proche du terrain vous permet de savoir ce qu’il se passe à l’autre bout du monde. Donnez-nous les moyens de continuer à exercer notre métier. (...)

Nous, journalistes, correspondant·es, souvent rémunéré·es à la pige, qui habitons à l’étranger pour y couvrir l’actualité pour les médias français, nous vivons dans ces pays, en apprenons la langue et les coutumes, en connaissons les acteurs. En première ligne et au plus près de l’actualité, nous tournons des reportages, écrivons des articles, prenons des photos pour que nos publics aient rapidement une information fiable et de qualité. Nous épaulons souvent les envoyés spéciaux que les médias dépêchent dans un deuxième temps pour compléter notre couverture quand l’actualité exige des renforts.

Mais depuis plusieurs années, nos conditions de travail se détériorent : déjà précaires, nous le devenons de plus en plus. Des médias, nos employeurs, rechignent à nous payer en salaire, comme l’exige la loi. Alors que la jurisprudence reconnaît notre statut de salarié.e, ils sont de plus en plus nombreux à nous traiter comme des prestataires et nous payent en facture.