
Où en sont nos forêts ?
Le modèle de sylviculture hégémonique aujourd’hui en France depuis des dizaines d’années pourrait être résumé ainsi : la futaie régulière monospécifique. Futaie régulière car les arbres sont plantés et coupés tous au même moment lors de coupe totale appelé des coupes rases, et monospécifique car dans une plantation l’on trouve rarement plus d’une essence différente. En somme ces forêts ressemblent à des champs de maïs récoltés tous les 30 ou 40 ans. Cette sylviculture n’a qu’un seul intérêt, l’industrie. Elle est capable de mobiliser rapidement de grandes quantités de bois au diamètre standardisé compatible avec des besoins industriels. Elle nécessite l’usage de machines toujours plus grande pour réaliser de gigantesques coupes et économiser la main d’œuvre.
Pour ce qui est de l’écosystème forestier, c’est un vrai désastre : la biodiversité, le cycle de l’eau et les sols sont malmenés par de telles pratiques. Cela fait des années que ce mode de sylviculture est extrêmement critiqué pour sa dangerosité court-termiste mais aujourd’hui, face au dérèglement climatique, il est tout à fait irresponsable de continuer dans cette direction [1].
La forêt, entre l’industrie et le dérèglement climatique, se trouve aujourd’hui à un tournant. (...)
Pour des forêts vivantes
Cependant un autre rapport à la forêt est possible, pour des forêts qui ne soit ni des forêts de rendement ni des forêts sanctifiées. C’est cette alternative que nous appelons la forêt vivante :
Une forêt de bien commun qui permette à toustes de profiter, du bois, des services de la biodiversité et des autres ressources dont elle dispose.
Une forêt gérée selon des principes de sylviculture qui assurent une exploitation durable et une vie digne aux travailleureuses aujourd’hui exploité.es. Ces techniques comme la sylviculture mélangée à couvert continu, doivent penser la forêt dans une perspective de long terme et permettre aux habitant.es comme aux travailleureuses de s’y ancrer et de s’y projeter sans craindre les décisions arbitraires de propriétaires ou d’industriels[3].
Pour montrer qu’une autre filière est possible
Pour qu’une forêt vivante advienne, il faut repenser la filière bois. Faire exister une économie qui rende possible et cohérente l’exploitation d’une forêt vivante. (...)
Le Bois énergie, une impasse climatique à long terme mais un marché lucratif dans les années à venir (...)
Des besoins artificiels et sur-subventionnés (...)
Jeter de la chaleur et de l’argent par la fenêtre
Pour produire du granulé, il faut dépenser une quantité d’énergie phénoménale, que ce soit pour faire sécher le bois, le broyer, le compacter ou le conditionner. Autrement dit, avant de pouvoir se chauffer avec des granulés, le processus industriel est long et coûteux.
Rappelons que la problématique de surconsommation d’énergie liée au chauffage devrait être prise en charge par la rénovation thermique et non par la production de combustible. (...)
Faire rentrer le bois de chauffage dans les échanges internationaux (...)
Le bois de sciage, un monopole industriel
État des lieux du bois de sciage
Chaque année en France, environs 1,6 % des scieries produisent près de 32 % du bois de sciage[9]. Ces vingt et un sites industriels produisent par jour l’équivalent de la production annuelle d’une scierie artisanale, ce sont des méga-scieries. Entrent dans cette catégorie les sites industriels produisant 100 000 m³ de bois scié par an ou plus.
À l’intérieur même de ce monopole industriel, dix de ces vingt et une usines appartiennent aux trois plus grands groupes de sciage français : Monnet-Sève, Siat et PiveteauBois (le propriétaire de FargesBois). À elles seules, ces dix usines représentent près de 12,5% de la production annuelle de bois scié.
Autre critère pour entrer dans la catégorie de méga-scierie, l’intégration verticale. En plus du sciage, ces groupes tentent d’intégrer à leurs activités d’autres points stratégiques de la filière, en amont comme en aval. Par exemple le groupe PiveteauBois est l’un des plus gros producteurs de granulés en Europe et possède une coopérative forestière. (...)
La disparition des petites scieries, une crise écologique et sociale (...)
Rejoignez-nous les 4 et 5 octobre 2024 à Guéret contre les méga-usines à bois et pour des forêts vivantes !