
La #PAC d'aujourd'hui n'est ni juste ni équilibrée. Il est vraiment temps de la changer. Comme rappelé ce matin en conférence de presse, nous voulons une #PAC pour des #paysannes et #paysans nombreux.
📢La tribune des 46 organisation de @pouruneautrepac @libe #PaysansEtCitoyens https://t.co/ZK1lui4Pjf— Conf' Paysanne (@ConfPaysanne) April 7, 2021
A la croisée des chemins du dérèglement climatique, de la précarité alimentaire, de l’effondrement de la biodiversité, des risques sanitaires, du mal-être paysan ou encore des atteintes portées au bien-être animal, l’agriculture peut être à la fois cause, victime ou source de solutions des grands maux de notre société. Mais qui sait que son avenir se joue, en ce moment même, dans les coulisses du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation ?
Le secteur agricole français se porte mal et ce, malgré un soutien public massif, dont 9 milliards d’euros versés chaque année via la PAC. Depuis des dizaines d’années, cet argent public pousse à l’industrialisation de l’agriculture et de l’alimentation, ayant pour conséquences la désertion des campagnes, les pollutions, les atteintes au bien-être animal ou encore la paupérisation des paysans, y compris dans les pays du Sud par le dumping à l’export. Or ce sont bien nos politiques publiques qui sont responsables de cette situation : responsables de faire primer les intérêts économiques de court terme sur l’intérêt général, responsables d’inaction pour préserver les intérêts d’une poignée d’agro-industriels, responsables d’inventer une opposition entre agriculteurs et écologistes, pour détourner l’attention des causes réelles des problèmes du secteur. Avec 45 % des agriculteurs proches de la retraite et de lourds défis à relever pour la nouvelle génération, les perspectives d’une inaction politique à un tournant historique de la PAC ressemblent fort à un scénario catastrophe pour le monde agricole et les écosystèmes.
Redresser la barre
Le gouvernement s’est engagé à atteindre des objectifs pour redresser la barre et garantir la résilience du secteur : obtenir 15 % de surface en agriculture biologique d’ici 2022 (1), augmenter de 40 % la surface de production de légumineuses d’ici 2024 (2), réduire l’usage des pesticides de 50 % d’ici 2025 (3), diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole d’ici 2050 (4) ou encore mettre fin aux importations de produits agricoles non durables contribuant à la déforestation d’ici 2030 (5). Mais avec seulement 4 % du budget actuel de la PAC dédiés aux mesures d’accompagnement de la transition agroécologique et de la conversion au bio, la stratégie de nos politiques s’est avérée inefficace. La surface agricole bio progresse très lentement et n’atteint que 9 %, l’usage des pesticides continue à augmenter (6), et l’élevage reste largement dépendant du soja importé d’Amazonie. Agriculteurs et agricultrices sont pourtant prêts à faire évoluer leur système et les citoyens se tournent résolument vers une alimentation choisie, respectueuse des paysans, de l’environnement et des animaux. Mais les initiatives individuelles seront insuffisantes pour changer d’échelle (7). C’est un signal clair qui est attendu du ministre Julien Denormandie pour renverser les vieux équilibres et engager une politique publique volontariste, pleinement orientée vers la transition.
C’est pourquoi les 46 organisations de la plateforme Pour une autre PAC demandent un virage à 180 degrés du Plan stratégique national. Le gouvernement doit redistribuer l’argent de la PAC pour accompagner les agriculteurs qui transforment leur système agricole, rémunérer les pratiques vertueuses pour l’environnement et le bien-être animal, ou encore pour soutenir les fermes les plus petites, créatrices d’emplois et de valeur ajoutée mais oubliées de la PAC. Le budget et les solutions sont disponibles. Il ne manque que la volonté politique. (...)