
Le Planning familial de la Gironde fête ce mois-ci ses 60 ans alors que le 28 septembre marque la journée internationale du droit à l’avortement. Dans les années 90, des commandos anti-IVG sévissaient dans des hôpitaux bordelais. Retour sur une lutte féministe locale qui a contribué à la reconnaissance du délit d’entrave à l’IVG.
« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Votre vie durant, vous devrez demeurer vigilante », avait dit Simone de Beauvoir à son amie et militante féministe, Claudine Monteil. C’était en 1974, la loi Veil venait d’être votée à l’Assemblée nationale.
En juin 2022, la Cour suprême des États-Unis a révoqué l’arrêt Roe vs Wade, annulant le droit constitutionnel à l’avortement. Quatorze États ont ainsi interdit l’interruption volontaire de grossesse (IVG) sur leur territoire. En Italie, Giorgia Meloni affiche clairement son opposition à l’avortement, et une majorité de médecins refuse de réaliser des avortements, au titre de l’objection de conscience.
Un droit qui n’est jamais acquis, rappelle Annie Carraretto, co-présidente du Planning familial de la Gironde. (...)
« Les mêmes qui étaient dans l’Assemblée nationale contre Simone Veil, sont toujours là. On n’a pas battu le patriarcat, la domination masculine existe toujours. » (...)
« Il y avait un état sanitaire désastreux, les femmes mourraient. On faisait venir des pilules et des moyens de contraception des pays anglo-saxons de manière cachée. C’était avant le procès de Bobigny qui a révélé publiquement les choses. » (...)
Contre l’extrême droite, toujours
« Il a fallu une extrême mobilisation du mouvement féministe pour faire bouger les pouvoirs politiques et obtenir le délit d’entrave à l’IVG », expose Monique Nicolas. En janvier 1993, une loi est adoptée qui reconnaît ce délit, permettant d’engager des poursuites contre les commandos.
C’est sur la base de ce même délit que l’association a déposé plainte trois fois cette année 2023. À Bordeaux, les locaux du Planning familial ont été la cible de dégradations de la part de l’extrême droite. Récemment, l’association a appris le classement sans suite de l’une de ses plaintes. « Personnellement nous n’avons pas peur, mais ce n’est pas évident pour les femmes qui viennent au local » (...)