
En République démocratique du Congo, après plusieurs jours de combats, le groupe armé M23/AFC a pris le contrôle de la capitale du Nord-Kivu, Goma, et de ses environs. Quelque 650 000 personnes déplacées vivaient jusque-là dans les camps insalubres en bordure de la ville, parfois depuis des années, après avoir fui les combats ou l’insécurité dans la région. Nombre d’entre eux s’interrogent sur la possibilité et les conditions d’un retour dans leur village d’origine.
Selon les Nations unies, depuis le 23 janvier, plus de 2 900 personnes seraient décédées à Goma et ses environs en raison des combats entre le groupe armé M23/AFC, l’armée congolaise et leurs alliés respectifs. Les hôpitaux, mais aussi leurs morgues, se sont vite retrouvés débordés, comme ont pu en témoigner les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) présentes sur place. (...)
Certains, restés dans les camps, ont perdu des proches qui se sont déplacés pendant cette période d’affrontements intenses (...)
Déplacements et traumatismes (...)
Le camp de Bulengo abritait plusieurs dizaines de milliers de personnes avant le début des combats. C’est l’un des nombreux camps situés en périphérie de Goma, qui se sont progressivement remplis ces trois dernières années, au fur et à mesure que les habitants de certains territoires du Nord-Kivu ont fui les combats et l’avancée progressive du groupe armé M23/AFC. (...)
Les équipes MSF ont commencé à travailler dans ces camps rapidement après leur apparition, pour apporter un soutien aux personnes déplacées qui y vivent dans des conditions de précarité extrême. Les terres environnantes sont quasi incultivables, l’aide alimentaire insuffisante, et depuis 2023, les équipes MSF ont été témoins d’une explosion du nombre de consultations liées aux violences sexuelles perpétrées en majorité par des hommes armés. Plus de 17 000 femmes avaient reçu une prise en charge par l’association entre janvier et mai 2024. (...)
« Je suis en train de démolir mon abri de fortune car il y a des gens qui sont passés et qui nous ont dit de partir sous trois jours, explique Zawadi, âgée de 30 ans et mère de six enfants. J’ai peur. Nous démolissons aujourd’hui, on se demande quoi faire d’autre. On avait fui les combats et maintenant les combats se déroulent où nous sommes. On nous demande de partir, mais là où nous devons rentrer il n’y a plus de maison, il n’y a plus rien. Nous partons car nous avons peur, une bombe est tombée à Mugunga à l’endroit communément appelé Kimachini. Il y avait certains membres de ma famille et ils ont été tués. » (...)
Conditions de retour (...)
Peu de déplacés encore présents dans le camp de Bulengo semblent prendre cette décision facilement, tant ils vivent avec les traumatismes des déplacements et des violences précédentes, et la peur d’en subir de nouvelles. Plusieurs organisations humanitaires ont arrêté leurs activités de soutien dans les camps ce qui inquiètent les personnes qui vivent sur place. (...)
La question des conditions du retour vers les villages d’origine reste en suspens, ces derniers étant souvent situés à plusieurs dizaines de kilomètres du camp de Bulengo. Les déplacés n’ont pour la plupart aucun de moyen de transport et pas les moyens de s’en payer. (...)