
Avant, il fallait quelques mois avant qu’un nouveau ministre de Macron déclenche un scandale. Puis seulement quelques semaines. À présent, moins de 24h après sa nomination, une Ministre de l’Éducation parvient à se mettre tout le monde à dos. C’est du circuit court, efficace et performant pour se rendre haïssable. La macronie devrait déposer un brevet (...)
Amélie Oudéa-Castéra, millionnaire, héritière, cousine de plusieurs présentateurs télé et mariée à un grand patron, s’est péniblement justifiée le 12 janvier d’envoyer ses enfants dans une école privée d’extrême droite tenue par des catholiques intégristes. Devant la presse, elle déclarait qu’elle avait été poussée à ce choix « vu les paquets d’heures pas sérieusement remplacées » et qu’avec son mari, elle « en a eu marre » (...)
Le pire, c’est que tout est faux. Libération révèle que le fils mentionné par la Ministre, Vincent, « né en 2006, n’a passé qu’un semestre à l’école maternelle publique Littré, dans le VIe arrondissement de Paris. Il y a été scolarisé six mois en petite section, à partir du deuxième trimestre de l’année scolaire 2008-2009, donc en janvier 2009 ». « Ce que dit la ministre est archifaux, ça m’a horrifiée », réagit son ancienne professeure aujourd’hui à la retraite, en colère depuis les déclarations. Cette dame était l’enseignante du fils de la Ministre, « et ne digère pas d’avoir été ainsi pointée du doigt. ”Je me sens personnellement attaquée. Je n’ai pas été absente et quand bien même cela aurait été le cas, on était toujours remplacé. Il n’y a jamais eu de problème de remplacement à Littré qui est une petite école très cotée.” »
Ces fameux « paquets de cours non remplacés » en petite section ? Inventés. En même temps, le bobard était gros : une école des quartiers ultra-bourgeois de Paris, même publique, n’a pas tout à fait les mêmes problèmes de personnels que dans les territoires pauvres et délaissés… (...)
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– (Ouest-France)
Professeurs non-remplacés dans l’enseignement public : que disent vraiment les chiffres ?
(...) Y a-t-il vraiment des « paquets d’heures » d’enseignement non remplacées ?
" L’organisation du système scolaire amène aujourd’hui la perte d’environ 15 millions d’heures d’enseignement par l’incapacité du système à remplacer les professeurs absents ", déclarait en décembre 2022 dans Le Monde l’ancien ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye. Interrogé par le Monde , le ministère de l’Education a précisé que ce chiffre ne concerne que le second degré (collège et lycée) et est issu d’une étude de la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) menée sur l’année 2020-2021.
Environ 8,8 % des heures de cours n’auraient donc pas été assurées en moyenne en 2022 dans le second degré d’après ce rapport.
Dans un rapport de décembre 2021, la Cour des comptes estime que les « difficultés tenant aux absences de courte durée » (inférieures à 15 jours), représentent à elles seules près de 2,5 millions d’heures lors de l’année scolaire 2018-2019 dans le secondaire, « dont seules un peu plus de 500 000 sont remplacées ».
D’où vient le problème ?
Le Covid ne peut plus être pointé du doigt. Trois raisons principales sont avancées : des postes non pourvus (trois à quatre jours après la rentrée de septembre, il manquait au moins un professeur dans la moitié des classes dans le secondaire), des remplacements de longue durée (pour maladie ou maternité…) et des " suppléances " de courte durée (pour formation, par exemple).
Sur son site, le ministère affiche le remplacement des professeurs absents comme " une priorité ". « Ce problème, nous en avons fait un combat. En passant déjà de 5 à 15 % d’absences remplacées », a affirmé ce samedi Amélie Oudéa-Castéra.
En primaire, des personnels titulaires remplaçants peuvent être mobilisés dès la première demi-journée d’absence. (...)