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« On n’est plus là pour négocier » : les agriculteurs déterminés
#agriculteurs #agriculture #alimentation
Article mis en ligne le 21 novembre 2024
dernière modification le 20 novembre 2024

Une trentaine de tracteurs ont investi une ville du Gers, le 19 novembre, à l’appel de la Coordination rurale. Ils ont érigé une grande cabane en ballots de paille, symbole d’un mouvement parti pour durer.

(...) À l’appel de la Coordination rurale, un syndicat agricole fondé en 1991 dans le Gers, des agriculteurs et agricultrices de tout le département sont partis aux aurores pour rejoindre Auch et faire part de leur colère. « Rien n’a bougé depuis la précédente mobilisation il y a un an », explique Michel Dubarry, un bonnet jaune de la Coordination rurale vissé sur la tête. « Les rendements de nos cultures diminuent, la grande distribution se gave sur notre dos et, en plus, on veut signer de nouveaux accords de libre-échange. On veut nous tuer ! » poursuit celui qui exploite 60 hectares de grandes cultures et élève des oies reproductrices à Lectoure, dans le nord-est du département.

L’agriculteur fait notamment référence au traité de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay, Bolivie), qui pourrait être signé début décembre. « C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase », réagit Clément Marie, agriculteur à Terraube, en grandes cultures et fruits et légumes. (...)

« La question qu’on se pose en tant que jeunes agriculteurs, c’est de savoir si on veut encore de nous en France », dit Carlo Cecutti, agriculteur à Eauze. (...)

La veille, les Jeunes agriculteurs et la FNSEA — syndicat majoritaire productiviste — avaient occupé les ronds-points dans le département pour manifester, eux aussi, leur colère et leur détresse. « On ne les a pas vus de toute l’année, et là, ils ressortent, à quelques mois des élections à la chambre d’agriculture », affirme Lionel Candelon, qui élève des canards dans le département. Il oublie de préciser que son syndicat pourrait lui aussi profiter de la colère agricole, et espère rafler à la FNSEA la présidence de nouvelles chambres. « Nous, on n’est plus là pour négocier », poursuit-il.

Fidèle à la tradition d’actions musclées de son syndicat, aux valeurs compatibles à celles de l’extrême droite, le président régional promet : « Ce qu’on fait là, ce n’est pas une action éclair : ça va durer. On va bloquer les frontières, les frets alimentaires, et on ira sur Toulouse s’il le faut. On va rencontrer des représentants de banques et d’assurances, de la grande distribution, le préfet, et si on est entendus, on retournera sur nos exploitations. »