
Depuis le printemps 2024, des femmes originaires d’Afrique de l’Ouest se sont réunies au sein du collectif Combat pour l’hébergement. Le but : obtenir un hébergement décent après des semaines passées à dormir dans les rues de Seine-Saint-Denis. Mais le collectif permet aussi à ces exilées de rompre la solitude et de s’entraider dans les moments difficiles. Reportage.
"Porter une voix commune"
Le collectif a été créé au printemps 2024 par des migrantes, épaulées par deux sages-femmes de l’hôpital Delafontaine, à Saint-Denis, qui héberge régulièrement des exilées sans-papiers à l’accueil de la maternité. "Au moment de la fin de la trêve hivernale en avril dernier, ces femmes ont été remises à la rue, certaines avec des enfants. On s’est toutes retrouvées dans un jardin de la ville pour parler de leur inquiétude et de leur quotidien", explique Edith, une sage-femme qui a accouché plusieurs de ces exilées à l’hôpital. "En les écoutant, on s’est rendu compte qu’elles pouvaient porter une voix commune." (...)
Lors de l’Assemblée générale (AG) du vendredi, Edith mène les discussions mais ce sont les femmes immigrées qui prennent les décisions. Les principales revendications du collectif portent sur le droit à un hébergement digne.
La plupart vit aujourd’hui dans des hôtels du 115 en Ile-de-France, mais toutes sont passées par la rue et leur situation reste très précaire. La majorité sont sans-papiers, d’autres en attente de régularisation.
Le collectif compte une centaine de familles : des femmes seules avec ou sans enfants, et parfois leur conjoint. "On vient du même pays [beaucoup sont originaires de Côte d’Ivoire, ndlr], on parle la même langue, on vit les mêmes galères. Donc on se comprend. On a l’impression d‘être de la même famille", affirme Aïcha.
Edith se charge d’assurer un suivi personnalisé de chaque personne (...)
"Le collectif m’a apporté du sourire"
Depuis sa création, le collectif a été reçu à deux reprises par les équipes du maire de Saint-Denis. Et il a rendez-vous vendredi 24 janvier avec le conseil départemental de Seine-Saint-Denis ainsi que la Direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement (Drihl). Les femmes réclament un logement décent mais aussi que la municipalité leur fournisse une domiciliation, assurée pour l’instant par MdM. Avoir une adresse postale permet aux familles de recevoir leur courrier et de faire valoir leur droit - l’hébergement en hôtel étant souvent temporaire. (...)