
Face à l’épidémie de surpoids chez les jeunes, Emmanuel Macron défend le sport à l’école et des produits plus équilibrés à la cantine. Sans aborder le rôle de la grande distribution et de la publicité sur la malbouffe.
(...) Le rôle majeur de la publicité
Publié le même jour, un rapport du Réseau Action Climat rappelle pourtant le poids de la publicité et du marketing en magasin : « Accorder plus d’espace en rayon à un produit peut augmenter ses ventes de 19 % à 39 %, et même jusqu’à +243 % s’il est positionné en tête de gondole ».
Une récente étude présentée dans le cadre du Congrès européen sur l’obésité — qui se déroule du 11 au 14 mai à Malaga, en Espagne — révèle que même une brève exposition des enfants à des publicités pour ces aliments modifiait leur comportement alimentaire. (...)
Ces résultats confortent la position défendue depuis des années par les associations écologistes ou de consommateurs qui dénoncent les dérives de l’agro-alimentaire et la surreprésentation des aliments transformés. Dans son rapport, le RAC réclame une nouvelle fois « l’interdiction sur tous les médias audiovisuels (TV, internet, etc.) de la publicité et du marketing » pour les aliments malsains ciblant les enfants. Une mesure qui pourrait, estime-t-il, être intégrée dans la Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat, attendue avant l’été. (...)
Dans son étude, l’organisation écologiste évalue les progrès menés depuis 2023 par huit enseignes de supermarchés sur des indicateurs relatifs au climat et à la promotion d’une alimentation saine et durable. Deux ans plus tôt, aucune des enseignes étudiées n’atteignait la moyenne. Aujourd’hui, elles sont trois. « Globalement, toutes ont fait des progrès, à part Leclerc, estime Benoît Granier, responsable alimentation du RAC, auprès de Reporterre. Elles ont gagné entre un et 3,5 points [sur 20]. » Si la plupart sont plus transparentes, ont pris des engagements et mis en place des plans d’action, il existe encore un décalage important avec leurs pratiques commerciales réelles, précise le rapport.
Ainsi, les grandes surfaces mettent toujours en avant des produits nocifs pour la santé et le climat, regrette le RAC. (...)
Plus marquant encore : 92 % des plats préparés vendus dans ces enseignes contiennent de la viande ou du poisson.
« L’État français n’a pas fait évoluer d’un centimètre les politiques publiques sur le secteur agroalimentaire »
Pourtant, ailleurs en Europe, la situation évolue plus rapidement. (...)
La grande distribution attend l’impulsion de l’État
La différence avec la France ? À chaque fois, ces distributeurs ont agi parce que les pouvoirs publics ont mis en place une réglementation ou une stratégie pour structurer une filière de protéines végétales.
« L’État français n’a pas fait évoluer d’un centimètre les politiques publiques et la réglementation sur le secteur agroalimentaire », déplore le militant, qui cite notamment le Nutri-score toujours pas obligatoire, l’étiquetage environnemental toujours pas déployé, les marges des industriels et des distributeurs toujours aussi opaques, le chèque alimentaire pour les plus modestes, promis par Emmanuel Macron en 2021, mais passé aux oubliettes…
« On a un gouvernement qui, sur les questions écologiques et de santé publique, est très frileux et conservateur, très peu à l’écoute des scientifiques », estime Benoît Granier, qui pointe aussi le poids de certains lobbies agricoles ou agroalimentaires « qui malheureusement sont écoutés par le gouvernement ». (...)