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France24/Reporters
Kenya : au cœur du trafic mondial d’organes
#traficdOrganes #Kenya
Article mis en ligne le 12 juillet 2025

En avril dernier, les autorités kényanes ont ouvert une enquête sur un vaste trafic de reins. Des patients fortunés viennent au Kenya pour contourner les longues listes d’attente de leur pays. Dans ce pays d’Afrique de l’Est, une greffe peut être réalisée en quelques semaines. Derrière ces opérations rapides : un réseau bien rodé, qui recrute de jeunes hommes pauvres et en bonne santé. Nos reporters Olivia Bizot and Clément Di Roma ont enquêté sur ce commerce illégal et sont allés à la rencontre des revendeurs de rein et des victimes de ce trafic.

Depuis plus de dix ans, le Kenya s’est discrètement imposé comme la plaque tournante d’un réseau international de trafic d’organes. Des patients fortunés — Allemands, Français, Israéliens ou Russes — s’y rendent pour éviter les longues listes d’attente des greffes de rein dans leur propre pays. Certains déboursent jusqu’à 200 000 euros pour une opération, qu’ils associent parfois à un safari de luxe, transformant une intervention médicale urgente en séjour haut de gamme.

Au cœur de ce commerce opaque : un hôpital aujourd’hui suspendu, accusé d’avoir pratiqué des opérations illégales. Dans son sillage, un réseau de courtiers cible de jeunes hommes kenyans en situation de grande précarité. En échange de leur rein, ces donneurs ne reçoivent souvent que 1 500 euros — une infime part des sommes encaissées — et nombre d’entre eux acceptent sans être pleinement informés des risques sanitaires lourds et durables. Pris en étau entre une pauvreté écrasante et l’appât du gain rapide, ils deviennent les pions d’une industrie aussi lucrative que brutale.

Notre enquête lève le voile sur les mécanismes de ce trafic, en donnant la parole aux victimes, aux courtiers, aux lanceurs d’alerte et aux autorités. Leurs récits révèlent un réseau bien organisé qui exploite la détresse des uns pour satisfaire une demande mondiale d’organes.