Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Club de Mediapart
Nous les chaudasses
#femmes #agressionssexuelles
Article mis en ligne le 2 février 2024
dernière modification le 1er février 2024

Janvier 2024 : l’affaire Depardieu qui n’en finit pas de faire couler de l’encre et l’affaire Jacquot dans son sillage marquent un tournant qui ouvre un Metoo à la française et, par un étrange hasard, c’est à mon tour de ressentir et de dire “moi aussi”, car moi aussi, en ce tout début d’année - qu’on m’a pourtant abondamment souhaitée bonne - j’ai malheureusement subi une agression sexuelle.

Le cadre n’est pas celui du cinéma : moins glamour, c’est un cadre médical. Et rédiger une plainte ne m’a pas du tout suffi : le carcan administratif fut bien trop étroit pour la dimension de ma colère.

Professeure de philosophie, je n’ai pas pu ne pas penser à mes chères élèves et à mes anciennes élèves depuis plus de vingt ans : elles qui se confient parfois et sont si souvent victimes de diverses violences sexistes et sexuelles, de la remarque déplacée au viol, tout un continuum qu’on expérimente et qu’on observe, jusqu’à ce que la coupe soit pleine.

Mon moi aussi est un nous aussi. Il m’est devenu impossible de me contenter d’entendre “chaudasse”. C’est à hurler. Surtout en salle des profs. Surtout les concernant elles, qui me rappellent tant l’élève que j’ai pu être. Je voudrais que chacun puisse les voir comme je les regarde. Elles cherchent souvent à se conformer à des exigences sociales concernant leur corps : le montrer, mais ne pas trop le montrer, et concernant leur attitude : être discrètes et ne pas trop la ramener, mais aussi être audacieuses et affirmées. Ces injonctions sont contradictoires : s’y conformer est donc rigoureusement impossible, c’est pour ça qu’elles souffrent et sont désorientées et décontenancées. C’est pour ça qu’elles ont besoin qu’on leur explique qu’il est temps de retourner le stigmate. Je voudrais leur dire : hauts les cœurs, on va toutes garder la tête haute. Ensemble.

Je voudrais le dire aussi aux amies, copines, collègues, aux amies de mes fils, aux inconnues croisées dans la rue : à toutes. À tous aussi. Donc pourquoi pas dans l’adelphité, accompagnées d’hommes qui savent réfléchir et qui sont capables de voir des sujets, des personnes derrière le mascara. Et non pas des proies. (...)