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« Notre économie pourrait fonctionner uniquement grâce au solaire ou l’éolien »
#energiesrenouvelables
Article mis en ligne le 22 février 2024
dernière modification le 21 février 2024

Créateur de la première boulangerie solaire, Arnaud Crétot milite pour un accès intermittent à l’énergie. Dans cette tribune, il donne les clés pour adopter cette méthode au « potentiel colossal ». (...)

« Les énergies intermittentes ne peuvent pas alimenter l’économie. » Cette idée, largement répandue parmi les grands acteurs de l’énergie, est fausse. Ce qui est vrai, c’est que les énergies intermittentes (le solaire, l’éolien…) ne peuvent pas alimenter une économie pensée pour fonctionner avec des énergies continues. Mais si les entreprises apprennent à s’organiser avec un accès intermittent à l’énergie, ce problème disparaîtra : les énergies intermittentes alimenteront l’économie. (...)

prioriser les tâches énergivores lorsque l’énergie est disponible — quand il y a du soleil pour le photovoltaïque par exemple — et à réaliser les autres tâches de l’activité le reste du temps. Cette méthode a été élaborée et testée à l’échelle artisanale depuis 2019 par NeoLoco, la première boulangerie et atelier de torréfaction solaire en Europe. (...)

Par exemple, chez NeoLoco, une semaine de soleil peut permettre de torréfier des graines qui seront vendues pendant plusieurs mois. C’est le produit fini qui est stocké, plutôt que l’énergie nécessaire à sa fabrication. Le problème d’intermittence de l’énergie solaire est ainsi résolu sans recours à des systèmes complexes de stockage énergétique. Rien n’est produit à la demande ; l’entreprise est plutôt gérée grâce à un stock. (...)

Dans quelle mesure cette méthodologie est-elle répliquable dans d’autres secteurs de l’artisanat et à d’autres échelles ? Le potentiel semble colossal. Ces dernières années, nombre d’entreprises pratiquant le flux tendu ont tordu leur organisation [1] et ont commencé à faire du stock afin de pallier les pénuries et protéger leur activité. (...)

nous pouvons demander aux ingénieurs de se débrouiller pour nous approvisionner en énergie quoiqu’il en coûte en complexité technique, en impacts environnementaux, et en tensions géopolitiques. Mais nous pouvons aussi nous organiser pour consommer l’énergie au moment où il est le plus facile, pour eux, de la produire. (...)

Le travail serait orienté vers davantage de polyvalence (les personnes responsables des tâches énergivores devant s’atteler à d’autres tâches lorsqu’il n’y a pas d’énergie), et une plus grande flexibilité (les tâches énergivores pouvant se concentrer sur certaines périodes, lorsqu’il fait beau ou que l’énergie est moins chère sur le réseau par exemple).

Questionner nos pratiques n’est pas une chose facile. Nous nous sommes obstinés pendant des décennies à chercher les solutions pour ne pas contraindre nos modes de vie. (...)

Aujourd’hui, nous n’avons plus le choix. Nous devons modifier nos croyances et nos pratiques. Les dernières décennies d’échec écologique nous y obligent. Seul un travail sur nos organisations sociales sera à la hauteur des enjeux auxquels les limites planétaires nous soumettent. (...)